Si vous croisez un A380 cette année, vous risquez d’être un peu surpris. Le gros porteur d’Airbus affiche désormais sur sa carlingue le logo vantant l’année onusienne de la biodiversité. Rien de contradictoire, pour Airbus. Du greenwashing pour les ONG.

Le logo de l’année de la biodiversité, vous le verriez bien sur une boîte de thon garantie pêche durable ou apposé sur un bocal de miel qui promet de protéger les abeilles. Mais pas vraiment sur la carcasse d’un avion. Vous ne l’avez pas rêvé, et pourtant Airbus l’a fait. Cette année, l’A380 - le poids très lourd du constructeur européen -, affichera les couleurs du logo vert à travers le monde. Biodiversité et transport aérien ? Un drôle de mariage.

Non, Airbus n’a pas choisi de faire de la provoc’. L’avionneur affiche ainsi sa participation à la campagne onusienne “The Green Wave” (La vague verte). Lancé par le secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations Unies, le programme vise à “enseigner aux jeunes l’importance de la biodiversité, son rôle dans leur avenir et les mesures nécessaires pour protéger la nature”. Déjà dans le même cadre, Airbus avait lancé fin 2009 un concours de photos sur l’environnement adressé aux enfants.

Mais voilà, le logo sur la carlingue risque de faire grincer plus d’une mâchoire environnementaliste. Car, loin d’être anodine, l’aviation pèse sur l’environnement. Airbus ne le nie pas. “Le secteur est responsable de 2% des émissions dues à l’homme”, confirme Jacques Rocca, chef du service communication d’Airbus.

Mais le secteur fait des efforts. “On travaille sur de nombreuses pistes pour limiter les émissions : réduction de la consommation de kérosène, avions plus gros qui transportent plus de passagers en une seule fois et moins lourds”, souligne Jacques Rocca. Grâce à à toutes ces innovations, “par appareil, les émissions ont été réduite de 70% en quarante ans”.

Biodiversité ou biomimétisme ?

Problème : ces dernières années, le secteur aérien a connu une forte croissance. “De 5% par an”, précise Jacques Rocca. Mais avec les progrès technologiques “l’un annule l’autre”. Comprenez les progrès technologiques compensent grosso modo la croissance des émissions dues au nombre d’avions supplémentaires dans les airs. Faux, précise Bill Hemmings, responsable du programme transport maritime et aérien à l’ONG Transport et Environnement. “L’OACI [Organisation de l’aviation civile internationale] a tablé sur une amélioration de l’efficacité énergétique de 2% par an. Même si cet objectif est tenu, il ne permettra pas de compenser l’augmentation de croissance de 5%”, souligne Bill Hemmings. Le secteur fait peut-être des efforts mais insuffisants aux yeux des ONG.

Et la biodiversité dans tout cela ? “La biomimétique, à savoir l’étude et l’imitation des meilleures idées de la nature pour résoudre les problèmes humains, continue à inspirer les concepts d’avions plus verts pour un monde mieux desservi et durable. La perte de la biodiversité entraînerait la perte du potentiel nécessaire pour mettre au point des solutions innovantes permettant de faire face aux problèmes futurs auxquels l’humanité sera confrontée ”, souligne Airbus sur le site d’EADS. De quoi justifier l’engagement d’Airbus dans la campagne de l’ONU ? “Le transport aérien n’est peut-être pas lié directement à l’érosion de la biodiversité, reconnaît Sylvain Trottier, chargé de communication à Greenpeace. Mais en émettant des gaz à effet de serre, il contribue largement au réchauffement et donc aux sécheresses, aux incendies ou à la fonte de la calotte glaciaire qui affectent la biodiversité. La campagne d’Airbus ressemble à du greenwashing”

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 Le site d’Airbus
 L’année de la biodiversité chez Airbus sur le site d’Eads
 Le site de Transport and Environment
 L’étude de l’ICTT->http://pre2010.theicct.org/document...]
 L’année de la biodiversité sur le site de l’Onu
 L’engagement de l’OACI
 Le communiqué de presse de l’Onu