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Claude Allègre a-t-il peur des contradicteurs ?
mercredi, 24 mars 2010 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Denis Delbecq, collaborateur à « Terra eco » et auteur du blog « Effets de terre », a été évincé du plateau de « L’objet du scandale » qui accueillait Claude Allègre, le 10 mars sur France 2. Tout comme le philosophe Paul Ariès. Un simple choix éditorial, assure la production. Récit détaillé des jours qui ont précédé l’enregistrement.

- « Le 3 ou 4 mars » : L’assistant de Guillaume Durand appelle Denis Delbecq

Denis Delbecq : « La production de Guillaume Durand m’a appelé le 3 ou 4 mars, une semaine avant l’émission du 10 mars. Ils voulaient un plateau avec des contradicteurs et cherchaient quelqu’un de percutant. D’autres journalistes avaient décliné l’offre. En dehors de moi, ils pensaient au climatologue Jean Jouzel ou à sa consœur Valérie Masson-Delmotte, ainsi qu’à Paul Ariès, le « théoricien » de la décroissance. Je leur ai conseillé Valérie Masson-Delmotte qui, à mon avis, pouvait être plus percutante. Il devait enfin y avoir un quatrième invité. Ce devait être un agriculteur qui a vu son métier changer et constaté que le climat se réchauffe. Je n’avais pas pu avoir le bouquin d’Allègre – la maison d’édition m’avait avancé que je traitais mal Allègre dans mes colonnes –, France 2 me l’a fait passer. J’ai passé quatre jours et quatre nuits à le décrypter. »

- Le 8 mars à 19 heures : nouveau coup de fil de l’assistant de Guillaume Durand

« La production m’a rappelé pour m’expliquer qu’ils avaient eu une réunion au sein de France 2. Ils avaient décidé de mettre en face d’Allègre des Français victimes de la tempête. Ils ne conservaient que Valérie Masson-Delmotte pour la caution scientifique. »

- Le 10 mars matin : la production appelle Valérie Masson-Delmotte

« Le matin de l’enregistrement, ils ont prévenu Valérie Masson-Delmotte que ni Paul Ariès, ni moi ne serions là. Elle a été surprise de se retrouver toute seule. Est-ce que nous avons été évincés à la demande d’Allègre ? Je n’en ai aucune idée. Selon la production, c’était une décision de France 2 qui voulait que l’émission soit liée à l’actualité de la tempête. »

- Le 10 mars : l’émission est diffusée en différé (4 heures après l’enregistrement)

« Elle a réuni trois Français face à Allègre : un homme qui a perdu sa maison dans la tempête et qui avait déjà subi le tsunami du Sri Lanka et un séisme à Bali. Un deuxième qui était un photographe un peu écolo, une femme qui voulait savoir où on pouvait vivre et partir en vacances sans risques. Restait Valérie Masson-Delmotte qui a eu un mal fou à se faire entendre et à qui Allègre a quand même balancé : “vous ne parlerez pas plus fort que moi, je vous le garantis”. C’était d’autant plus difficile qu’elle essayait d’avancer des faits scientifiques et qu’à chaque fois Guillaume Durand interrompait la discussion parce que c’était trop compliqué. L’émission est devenue une véritable plate-forme pour Allègre, un mégaphone incroyable »


Vidéo proposée par Monsieur Buzz

- Le blog de Denis Delbecq : Effets de terre
- Le site de l’émission L’Objet du scandale
- Photo : Fondapol