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Des oiseaux en vol plané
dimanche, 28 mars 2010 / Karen Bastien

Dans le ciel français, se déroule un étrange ballet d’oiseaux. En trente ans, leurs migrations ont été bouleversées. La faute au climat.

La France redécouvre son « patrimoine » aviaire, plus exactement les 560 espèces d’oiseaux qui ont choisi de nicher une partie de l’année dans l’Hexagone. Avec une bonne longueur de retard sur le monde anglo-saxon, elle a ressorti les jumelles pour étudier l’impact du changement climatique sur tous ses cui-cui en puissance.

Premier constat : nos volatiles reviennent plus tôt de leurs lointaines contrées. « En Haute-Savoie, l’hirondelle rustique est repérée en moyenne dix-huit jours plus tôt qu’il y a trente ans, confirme Anne Delestrade, ornithologue au Centre de recherches sur les écosystèmes d’altitude (Crea). Le chocard, oiseau des montagnes par excellence, a huit jours d’avance. » Philippe Jacques Dubois, de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), assure le suivi annuel de l’avifaune française pour le ministère de l’Environnement depuis 2007. Il reconnaît que nombre de migrateurs ont vu leurs effectifs fondre avec le changement climatique : la population du gobe-mouche noir a ainsi été décimée à 90 % en dix ans, car les oiseaux sont désormais désynchronisés avec le pic d’émergence de leur nourriture principale, les chenilles.

Restent quelques belles histoires d’adaptation comme celle de la fauvette à tête noire qui, après avoir hiverné sur le pourtour méditerranéen, migre aujourd’hui en Angleterre. L’oiseau y rencontre des froids moins sévères et se rassasie dans les mangeoires dont raffolent les Anglais. Une étude menée sur des bébés fauvettes n’ayant jamais migré montre que, naturellement, ceux-ci s’envolent vers le Nord-Ouest. En résumé, l’adaptation au dérèglement climatique est déjà incorporée dans le génome de l’espèce. —