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Cécile Duflot : "l’écologie est incompatible avec l’ultralibéralisme de la droite"
mercredi, 17 mars 2010 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

La secrétaire nationale des Verts revient sur l’accord passé entre Europe Ecologie et le Parti socialiste entre les deux tours des régionales. Pour elle, et dans la "limite des résultats du premier tour", le bilan est "bon". Entretien.

Terra eco : Cécile Duflot, on vous imagine aisément satisfaite au lendemain de l’accord passé avec le PS.

Cécile Duflot : "Je dirais que je suis aussi satisfaite que possible. Dans la mesure où nos listes ont obtenu le score que l’on sait au premier tour, eh bien nous parvenons à l’accord qui correspond. Maintenant, si vous me demandez si je souhaitais mieux, la réponse est oui forcément. Mais nous avions passé un accord avec nos partenaires, qui était un accord disons mathématique. Cet accord est respecté."

Vous jugiez le PS "déprimant" il y a encore quelques semaines, quels sont les faits, les données, qui vous ont ainsi fait changé d’avis ?

"Pardon, mais je n’ai jamais jugé le PS déprimant. Vos confrères de Paris Match ont interprété mes propos de la sorte, mais, non je n’ai jamais dit cela. Ce que j’ai exprimé, c’est le fait que le processus qui consiste à souhaiter que l’autre perde était déprimant alors que la possibilité que l’un et l’autre gagnent "un peu" était envisageable. Voilà c’est tout."

Malgré cela, le PS regrette aujourd’hui à la lecture des résultats qu’il n’y ait pas eu d’accord préalable...

"Peut-être. Mais moi j’assume. D’ailleurs, prenez votre calculette et faites le compte. Ce que nous disent regretter nos partenaires ne se vérifie pas dans les résultats. La leçon du premier tour n’est pas du tout avérée. Mais vous savez, tout cela, ce sont des chiffres. Moi je préfère voir les choses sous l’angle des projets. Le notre a su prendre sa place et c’est cela qui me réjouit."

Tout de même Cécile Duflot, n’avez-vous pas le sentiment d’avoir mangé votre chapeau ? Je pense notamment à l’aéroport Notre-Dame-des-Landes en Pays de la Loire ?

"Pas du tout. Nous avons passé un accord sur la base des résultats du premier tour. Si vous connaissez le moyen d’imposer ses idées à quelqu’un alors que vous êtes minoritaire, dites-moi, ça m’intéresse. Ce n’est pas parce que nous nous rejoignons sur une liste commune avec le Parti socialiste, que nous jetons notre projet. La région - si nous gagnons dimanche, car c’est le sens de notre accord - ne fera aucun investissement supplémentaire pour cet aéroport [NDLR : notamment pour ce qui concerne la desserte routière]. Sur cette question et sur bien d’autres, car c’est notre philosophie, nous tentons de grignoter durablement les certitudes. Et croyez-moi, sur l’aéroport, les certitudes elles tombent les unes après les autres. Ce dossier est un dossier du passé, envisagé pour faire atterrir le Concorde à l’époque. Je vous rappelle tout de même qu’il s’agit d’un projet à l’initiative de l’État."

Comment aujourd’hui imaginer la bataille pour 2012 ? Dans quel sens et avec qui ?

"La présidentielle est une mauvaise élection car centrée sur un homme ou une femme. Ce qui est certain c’est que nous ne sommes pas un parti de complément. Et l’écologie elle-même est en train de prouver qu’elle a une très forte volonté d’existence politique. Alors je n’ai pas de religion tranchée sur la façon dont nous mènerons notre projet pour 2012. Il faut réfléchir ensemble. Car avec les Présidentielles se profilent aussi les législatives. Sans élu, notre pensée politique n’existera pas. C’est tout le paradoxe incroyable de ces scrutins sans proportionnelle."

Daniel Boy, politologue, jugeait ici même dans nos colonnes que Europe Ecologie était une organisation "pas très organisée"...

"Pas assez organisée, certes, on peut toujours mieux faire. Pas organisée, c’est une blague ? Nous avons dans les négociations avec le PS montré une grande solidarité et une organisation très prometteuse pour l’avenir."

Cécile Duflot, Daniel Cohn-Bendit, ici même nous disait que l’écologie n’était ni de gauche, ni de droite. Ça aussi c’est une blague ?

"Je vais vous dire une chose. Le projet écologique n’est pas compatible avec la politique autoritaire et ultra-libérale de la droite actuellement au pouvoir. Que voulez-vous, les valeurs de compétition entre les individus telles que les décline la droite ne sont pas nos valeurs. A l’inverse, je vous dirais que l’écologie peut travailler avec la gauche. Mais à condition de ne pas renoncer à ce que nous sommes. C’est tout l’enjeu."

(Crédit : Marie-Lan Nguyen)

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