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"Europe écologie est encore une organisation fragile"
mardi, 16 mars 2010 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

Pour Daniel Boy, directeur de recherche au Centre de recherches politiques de Sciences Po, l’écologie a pris pied fermement dans le débat politique. Mais gare à l’excès de confiance, son principal représentant - Europe Ecologie - a encore besoin de se structurer.

Terra eco : Daniel Boy, pourquoi la question écologique a-t-elle pris autant de place dans cette campagne des régionales ?

Daniel Boy : Ce qui est certain, c’est que l’environnement a pris une place qu’il n’avait pas auparavant. Maintenant, cette place est plus faible qu’à l’occasion des élections régionales. Moi ce qui m’intéresse, c’est d’analyser l’importance de la question environnementale, avant, pendant et après une crise économique.

En gros, de savoir si l’économique supplante l’environnement ?

Exactement. Et la réponse est assez claire. La crise économique ne s’est pas arrangée depuis les élections européennes, or on continue à parler d’écologie, d’environnement. Cela démontre donc bien que ces questions ont progressé dans l’opinion. Et ça c’est quelque chose de très positif. Maintenant attention, Les gens d’Europe Ecologie sont très malins. En visant un score de 12 à 13%, ils sont contraints de modifier leur discours. J’ai regardé le programme de Cécile Duflot en Ile-de-France, et je n’y ai pas trouvé trace de décroissance ou de thèse de la sorte. J’y ai davantage retrouvé des références aux emplois verts, un programme que Jean-Louis Borloo ne renierait pas.

Peut-on dire que l’écologie a définitivement pris sa place dans la vie politique française ?

Ouh là. Non. Vous savez, et je crois que Terra eco en a été le témoin direct, en matière d’environnement, les milieux intellectuels passent très vite d’un avis à un autre. Regardez ce qu’il s’est passé sur la question du changement climatique, c’est tout de même incroyable. Aujourd’hui, la tendance c’est le scepticisme, alors qu’avant Copenhague, on était sur la ligne opposée. Je préfère donc rester prudents et vous répondre que la question écologique, c’est certain va évoluer.

Et comment va-t-elle évoluer ?

Je pense que la Gauche, le Parti socialiste, vont être contraints de bouger leurs lignes. Car vous avouerez bien qu’en matière d’écologie ils n’ont pas évolué d’un iota depuis des années. A l’UMP, la problématique est différente. La question suivante est récurrente : "mais au fait, le Grenelle de l’environnement il nous a rapporté quoi ?" Et la réponse, c’est effectivement "pas grand chose". On voit bien d’ailleurs que certaines clientèles traditionnelles de l’UMP - comme les agriculteurs - ont d’ores et déjà reçu quelques signes clairs en leur faveur. ce n’est pas un hasard. La taxe carbone, elle même est, si j’ai bien compris, remise en question.

Comment voyez-vous l’échéance 2012 ?

Cela va être compliqué pour Europe Ecologie qui, pardonnez-moi l’expression, n’est pas une organisation très organisée. Si ce mouvement souhaite travailler avec le Parti socialiste et donc négocier, il va falloir qu’il se structure. Il ne faut pas oublier qu’Europe Ecologie repose aujourd’hui sur une forte personnalité, mais qui ne dispose pas de mandat électif en France.

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