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JC Decaux m’a tuer (Mémoires d’un cycliste repenti) - Episode 4
jeudi, 25 mars 2010 / Edouard FLAM

Le vélo en libre-service est une brillante idée. Ce qu’en fait JC Decaux est une calamité. Témoignage, à charge, d’un pionnier désabusé (4e et dernier épisode).

Je reprends mes esprits : un technicien JC Decaux est justement dans les parages, qui remplit sa mission d’entretien des cycles de ma station habituelle. J’engage la conversation. Lui explique que je n’ai reçu aucun courrier d’avertissement de l’échéance de l’abonnement, que je souhaite poursuivre celui-ci. Très urbain, l’homme relève mon numéro d’abonné en opinant du chef. Je lui confie même mon numéro de téléphone portable. Il va faire le nécessaire, m’assure-t-il. Rassuré, j’enfourche mon Bicloo pour un trajet quotidien et laisse passer le week-end là-dessus. 8 février. J’avance fébrilement vers la station, tout à fait conscient de jouer à quitte ou double. Je pose ma carte sur le lecteur. Et paf ! Je ne suis plus abonné. Le service m’est refusé. Ils m’ont eu !

Et le Père Noël, il roule à bicyclette ?

Comme un petit miracle, il se trouve que la station est – elle – équipée d’un lecteur de carte bancaire. Ni une ni deux, je souscris un abonnement temporaire. Assurer au moins le trajet du jour, après on verra. Tant que j’y suis, je choisis un ticket pour 7 jour et paie : 5 euros. Et repaf ! Les 5 euros sont bien débités mais le ticket ne tombe pas. Je fourre ma main dans le goulot de la borne et en palpe les moindres recoins : rien, pas de ticket. Me voilà bleu, une fois de plus. Pas complètement stupide, j’opte pour le tramway et fais l’acquisition – on ne peut pas perdre à tous les coups – le lendemain et dans une autre station, d’un ticket 7 jours pour 5 euros supplémentaires. 10 euros en tout. Seront-ils décomptés de mon abonnement ?

Lettre à une inconnue

A l’heure où j’écris les lignes, la vérité est ailleurs : verrai-je seulement la couleur de mon nouvel abonnement ? Nous sommes mercredi 10 mars. Muni de mon ticket 7 jours, j’ai pu ce matin accomplir mon trajet du jour en Bicloo. A la station d’arrivée, j’ai croisé de nouveau un technicien JC Decaux en pleine mission d’entretien de la station. Très urbain lui aussi. A opiné lui aussi du chef, d’un air entendu. D’autres utilisateurs lui auraient-ils fait part de mésaventures semblables aux miennes ? A fini par griffonner mon numéro d’abonné et par me donner le numéro du service client. J’ai salué. Fera-t-il le nécessaire ? Sans doute. Cela sera-t-il suivi d’effet ? Je n’y crois plus.

Dans un dernier sursaut, je compose le numéro qu’il m’a confié, celui de la « ligne chaude ». Fais part de ma déception et de ma colère d’être pris pour un gogo, signale que ce genre d’histoire pourrait faire le bonheur de la presse. Je n’aurais pas dû. Au bout du fil, une interlocutrice me prend de très haut. Mais comment, vous n’avez pas écrit au service client pour prolonger votre abonnement ? Mais enfin ! Ah bon, il fallait vous écrire ? Et vous Madame, vous ne m’avez pas écrit pour me prévenir de la fin de mon abonnement, alors pourquoi vous écrirais-je ? Et puis j’ai déjà adressé un mail à votre service cette année suite à un de vos nombreux dysfonctionnements : il est resté lettre morte. Pourquoi donc vous écrire si vous ne me répondez pas ? Et puisque vous avez mon rib, mon adresse et mon numéro d’abonné, pourquoi ne pas me proposer un système simple pour prolonger ? Le ton monte. Mon interlocutrice hurle dans le combiné. Je n’y arriverai pas. Pour raccrocher dans la joie, j’ai soudain l’idée de lui dire que tout cela était un canular et qu’elle a été enregistrée. Elle dit que tout ça c’est dégueulasse. Et elle a raison.

Je vais m’acheter un vélo. Merci JC Decaux.

(FIN)


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