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Comment le lobby de la viande est entré à l’école
mercredi, 3 mars 2010
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
Depuis une semaine, le Centre d’information des viandes a lancé une opération séduction à l’attention des collégiens et lycéens, sous couvert de mission pédagogique.
“Prendre du plaisir à manger, c’est d’abord écouter ses sens, se mettre en éveil ! Et la viande pour découvrir c’est très sympa !”. C’est ainsi que le Centre d’information des Viandes – CIV en plus court – entend redorer l’image de la viande dans les écoles. Depuis le 22 février et jusqu’au 16 avril, cette association créée en 1987 à l’initiative des professionnels du bétail, des viandes et de l’élevage a lancé l’assaut sur les collèges et lycées de l’Hexagone. A ceux-là, des affiches façon tags, des brochures ou encore des jeux pour gagner appareils photos ou enceintes ipod sont proposés. Pour les cantines, l’association propose des recettes à base de viande. Objectif ? “Réapprendre aux jeunes les produits et le goût des viandes brutes”, détaille Louis Orenga, directeur du CIV. En clair, qu’il y a une vie au delà du steak haché enserré dans un burger.
Les associations végétariennes crient au scandale. “Aujourd’hui, il y a un problème de surconsommation de viande, souligne Brigitte Gothière, de L214, une association de protection animale. Alors que le CIV puisse aller dans les écoles pour inciter les enfants à manger de la viande !” “Ils parlent du plaisir gustatif de la viande mais oublient de mentionner le revers de la médaille. Les problèmes de pollution des eaux, de déforestation, d’effet de serre lié à l’élevage, à l’abattage et au transport des animaux mais aussi les problèmes de santé publique liés à la consommation de viande.” L’association a donc lancé une pétition contre l’intervention du CIV dans les écoles.
Le CIV lui se défend bec et ongles. “Il ne s’agit absolument pas d’une campagne de publicité, souligne Louis Orenga. Sa vocation n’est pas d’inciter les jeunes à manger plus de viande mais à les sensibiliser à la qualité. La quantité consommée dans les cantines est fixée par la diététiciennes de l’école. ” Et, souligne encore M. Orenga, “le CIV est une association à fonds publics soumis sur le plan nutritionnel au Programme National Nutrition Santé [1] et dans les écoles aux recommandations du Groupe d’Etude des Marchés Restauration Collective et Nutrition [2]”. Reste que pour l’association L214, le CIV n’en est pas moins “une association de producteurs destinée à améliorer l’image de la viande et des productions bovines.”
A condition que leurs kits ou outils aient “un réel intérêt pédagogique” et “s’inscrivent dans le cadre des programmes scolaires”, précise une circulaire parue en 2001 au Bulletin Officiel. Dans ce cas, l’entreprise gagne le droit de “faire apparaître discrètement sa marque sur les documents”. Au service de presse du ministère de l’Éducation on justifie clairement cette logique : “Pour les professeurs, c’est une manière d’appuyer leur cours, de travailler sur le côté pratique. Du côté des entreprises, ça permet de faire connaître les produits. Chez les enfants le bouche à oreille ça marche”. Une chose est sûre, au pays des publicitaires, l’école ne fait plus figure de sanctuaire.
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