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Enfouir les déchets nucléaires : le débat refait surface
vendredi, 26 février 2010 / Julien Vinzent /

Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.

L’ennui avec les déchets radioactifs, c’est qu’ils le restent longtemps, parfois très longtemps. Comme d’autres pays européens, la France veut les stocker des centaines de mètres sous terre. Mais dans la zone sélectionnée, les opposants donnent de la voix.

Que faire des déchets nucléaires ? La majorité d’entre eux sont enfermés à double tour en attendant que leur radioactivité redevienne quasi-normale. Mais pour 10% de déchets dits à "vie longue", même 300 ans ne suffisent pas. Le problème prend alors une tournure quasi-philosophique : qui est capable de dire à quoi ressemblera la France en 2310, en l’an 102 010 ? Réponse : personne.

Mais comme ils ne peuvent pas non plus rester les bras croisés, de nombreux pays nucléarisés misent sur le stockage géologique profond. Pendant que huit pays européens commencent à réfléchir à un site commun en Europe de l’Est, d’autres peaufinent déjà leur projet en solo. C’est le cas de la la Finlande, qui compte sauter le pas en 2020, de la Suède (2023) et de la France (2025).

Un calendrier précis

Dans ce dossier ô combien souterrain, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) déroule tranquillement les étapes depuis sa création en 1991. Depuis 2004, elle étudie le comportement des roches et s’entraîne à creuser des tunnels à 500 mètres de profondeur dans son laboratoire souterrain de Bure, à la frontière des départements de la Meuse et de la Haute-Marne.

Si vous n’êtes pas du coin, vous ignorez peut-être que c’est là que le centre de stockage pour les déchets à haute et moyenne activité et vie longue (HA-VL et MA-VL) devrait voir le jour. Ne manque que le lieu précis. En 2005, l’Andra avait délimité une zone de 250 km2 qui présente les mêmes propriétés géologiques que celle du laboratoire. Fin 2009, elle a présenté au gouvernement un périmètre plus restreint de 30 km2. Autant dire qu’on se rapproche des 15 km2 prévu pour le site.

Des communes s’opposent

Mais en janvier, le conseil municipal de la commune de Bonnet, situé dans la zone, a déterré la hache de guerre en s’opposant au projet. Une petite révolution dans la région, où les 40 millions d’euros annuels de "fonds d’accompagnement" sont plutôt les bienvenus. Et un nouveau revers pour l’Andra : l’année dernière les deux communes pressenties pour le projet complémentaire de centre de stockage à faible profondeur (-150 mètres) ont retiré leur candidature . Destiné à des déchets tout aussi coriaces mais moins dangereux, ce site est lui prévu pour 2019.

De quoi redonner du baume au cœur des associations d’opposants, dont certaines composées d’élus locaux, avant le marathon du débat public de 2013. Ainsi, Sortir du Nucléaire a lancé la semaine dernière une pétition estimant que "l’expérience de Bure doit être arrêtée, et l’option de l’enfouissement des déchets radioactifs doit être définitivement proscrite."

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- Le comité local d’information et de suivi (CLIS) du Laboratoire de Bure
- L’association des élus locaux opposés à l’enfouissement
- Illustration : Andra