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Taxis : les vélos font-ils de l’ombre aux autos ?
jeudi, 25 février 2010
/ Julien Vinzent / Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco. |
Dans une quinzaine de villes, les vélos-taxis se posent comme une alternative supplémentaire à la voiture. L’idée semble promise à un bel avenir, mais n’est pas du goût de tout le monde, taxis à quatre roues en tête.
Qu’ils s’appellent pousse-pousse, rickshaw ou vélo-taxi, les tricycles à assistance électrique investissent le créneau du transport de proximité. Souvent flanqués de publicité, ils roulent déjà à Paris, Lyon, Lille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Strasbourg… Qui manque à l’appel ? Marseille, deuxième ville de France, où la petite reine a déraillé face à l’opposition des taxis.
"Il y a un vide juridique, confirme Antoine Duthoit, directeur général du réseau Cycloville, qui a développé le concept dans huit agglos. Mais la mairie a quand même autorité sur le territoire de sa commune. Notre seul recours est de sensibiliser, car on nous refuse souvent par manque d’informations". Quelque peu oubliée dans la tempête médiatique mais logée à la même enseigne que Vélocab, Proxi Pousse rappelle qu’elle bataillait justement pour se faire accepter dans la cité phocéenne depuis avril 2009. "Nous avions sympathisé avec les taxis, ils nous avaient même invité au restaurant ! Cela fait des mois que l’on circule sans problème", affirme Celia Guerri, sa présidente, qui espère toujours développer une charte avec les parties prenantes. "Il y aurait la place pour 6 vélos. Mais si on passe un accord avec Proxi Pousse, il va falloir en passer aussi avec Vélocab, les scooters, les motos", reconnaît à demi-mot Jean Gammicchia, président du Syndicat des taxis marseillais.
Les mollets des cyclistes ne font pourtant pas forcément d’ombre aux cylindrées des taxis. A Lille, Antoine Duthoit peut même compter sur le soutien de "deux syndicats sur trois qui nous défendent auprès de leurs adhérents". "On fait en sorte de leur laisser leur chasse gardée. Comme on ne fait que des courses d’environ un kilomètre, il y a une complémentarité. Ce sont des micro-déplacements qu’ils refusent de prendre en général. Il y en a même qui nous envoient des clients et inversement", complète-t-on du côté de Cyclopolitain. Vélocab et Proxi Pousse essayent bien eux aussi de convaincre les taxis qu’ils ne jouent pas dans la même cour, mais en vain jusqu’à présent.
Du côté de Marseille, on innove. Vélocab mise à fond un modèle déjà testé en décembre : des magasins s’affichent sur les tricycles, qui transportent gratuitement les clients vers leurs boutiques. Incohérence ou geste d’apaisement, la mairie a d’ailleurs lancé la semaine dernière un appel d’offre taillé sur mesure pour des "prestations d’animation commerciale pour le service de tricycles électriques à destination des visiteurs du cœur de la Ville pour la découverte des commerces". "On pense aussi à des balades écologiques avec pique-nique dans des parcs, des mariages écolos où on amène les personnes chez eux de la mairie à l’église", complète Jonathan Kharoubi.
Des noces vertes qui font partie des nombreuses roues de secours déjà testées par Proxi Pousse : sensibilisation au développement durable lors d’événements, circuit touristique sur les plages du Prado pour des personnes handicapées... "Quand on a animé le festival Sciences Frontières, les gens avaient la mâchoire décrochée. Il y a une chape de plomb dans cette ville mais on sent qu’il y a une vraie attente pour ce type de transport", assure Robert D’Angelo, vice-président de l’association.