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Les "restos U" du coeur
jeudi, 9 septembre 2004 / Alexandra DA ROCHA , / Toad

Insouciante, la vie à la fac ? Pour beaucoup, sans doute. Mais des signes inquiétants témoignent d’une paupérisation de la population étudiante.

“Quand les points d’accueil et de permanence ont commencé à faire remonter l’info, j’ai été hébétée. On nous parlait d’un public nouveau, venant demander des vêtements chauds et à manger. Dans l’esprit de beaucoup de gens, être étudiant c’est être privilégié. Ce n’est pas vrai”, raconte Seynabou Dia, secrétaire nationale à la jeunesse du Secours Populaire Français. Quand la Fédération des associations étudiantes (FAGE) l’a contactée pour mettre en place une action de solidarité, elle a songé à une quête de tickets de RU (restaurant universitaire). La première opération a lieu en avril. La seconde sera renouvelée à la rentrée. Et ce, en dépit de l’interdiction du CNOUS de collecter devant les "restos U". Car sur le terrain, des assistantes sociales sont heureuses de pouvoir redistribuer des tickets pour un repas chaud.

La solidarité. Pas la charité

A Clermont-Ferrand, où une quarantaine d’étudiants venait régulièrement demander un panier alimentaire, le Secours Populaire envisage d’acheter directement des carnets de tickets pour les revendre à moitié prix aux plus démunis. Ou encore pour les distribuer contre une heure par semaine d’aide aux devoirs. “La dignité, ça commence aussi par là, on n’est pas dans la charité mais dans la solidarité, justifie Nicole Rouvet responsable départementale. J’ai réalisé qu’ils avaient de plus en plus de mal à trouver des petits boulots... Parce que ces boulots sont devenus de grands boulots !”.

Au Secours Catholique, qui reçoit chaque année 87000 jeunes, une action spécifique à destination des étudiants a été mise en place sur le front du logement à Grenoble. “Nous avons demandé à des familles ayant une chambre disponible d’héberger gratuitement pendant une durée de un à trois mois, des étudiants étrangers qui venaient d’arriver. Le temps pour eux de trouver une solution pérenne”, dit Rémi Longaud, responsable de la jeunesse. “Car dans leurs démarches, et bien au-delà des revenus, ils sont confrontés à un problème de racisme”.

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