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La grande galère des étudiants étrangers
jeudi, 9 septembre 2004
/ Alexandra DA ROCHA
,
/ Toad
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Etudier en France n’est pas une sinécure. Pour nombre d’étudiants étrangers, l’expérience peut même virer au cauchemar. Problèmes de logement, de frais de scolarité. Inégalité des chances aussi... Le parcours est semé d’embûches. Terra economica est allé à la rencontre de ceux et celles qui rêvaient d’un accueil chaleureux et d’une carrière construite sur les bancs de l’université française. Et pour qui le réveil s’est avéré douloureux.
Pas le choix. Pour aller au bout de son rêve - un diplôme de capacité en droit - Abidin a dû encaisser. Sans ressources financières, il a été hébergé dans un foyer de protection judiciaire à Aubervilliers. Pas facile d’étudier au milieu de jeunes délinquants placés pour vol à main armée. “Au fil des mois, je suis devenu la tête de turc du pavillon”, lâche le jeune garçon. Abidin a grandi en banlieue parisienne sans avoir été scolarisé. Il a appris à lire avec un père kosovar bénéficiaire du RMI et une mère française en rupture avec sa famille. Des parents qui seront rapidement mis en examen pour maltraitance, ses frères et soeurs étant placés dans des familles d’accueil. Une caricature de cas social, marginal mais réel, qui raconte son histoire sans pathos. Résolument tourné vers l’avenir, il déteste que l’on cède aux affects et que l’on convoque les psys.
"Peu de situations de grande détresse"
Aujourd’hui, Abidin a refait surface. Il loge dans un foyer pour jeunes travailleurs à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et touche 430 euros par mois de l’aide sociale. Nettement mieux que les 8,40 euros par semaine auxquels il avait droit jusqu’à présent.
“La plupart des gens qui viennent nous voir sollicitent une aide financière pour faire face à leurs dépenses quotidiennes. Par exemple, leur facture d’électricité”, observe Nicole Méteau, coordinatrice du service social du Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) de Poitiers. “Les situations de très grande détresse sont rares. Elles concernent les jeunes en rupture familiale qui se retrouvent du jour au lendemain sans rien ni personne sur qui compter. Et surtout les étudiants étrangers, ’primo arrivants’, qui viennent, hors convention, étudier en France”.
Il considère comme indicateur de pauvreté le recours à l’aide publique exceptionnelle. Sont donc considérés comme pauvres, les étudiants sollicitant auprès des services sociaux une faveur financière pour faire face à la vie quotidienne. Un quart d’entre eux manqueraient de ressources régulières (bourses, salaires, etc.) et seraient donc dans une situation grave. En première ligne, les étudiants étrangers d’origine non européenne. Sur 194300 étudiants étrangers inscrits dans les universités françaises en 2003, 15% seulement sont boursiers (de leur Etat ou de l’Etat français via des accords de coopération notamment). 51% viennent d’Afrique (Maghreb et Afrique noire).
Dans la pratique, ces garanties ne sont pas toujours effectives. “Les attestations de prises en charge permettent au moins aux étudiants d’obtenir un visa et de voyager jusqu’ici. Après, ils se débrouillent comme ils peuvent. En tous cas, ceux qui viennent me voir ont très peu de moyens. Ils sont frappés de constater à quelle vitesse l’argent disparaît. Parfois, il leur suffit de passer une semaine à l’hôtel en arrivant pour qu’ils n’aient plus rien en poche”, raconte Nicole Méteau.
Résultat, Sédar passe une année entière, sans papier, à attendre la rentrée suivante pour s’inscrire en fac de droit. “Au départ, se souvient-il, je voulais aller étudier aux Etats-Unis. Mais mon cousin qui vivait déjà sur place me conseillait de rester en Afrique. Moi, je n’ai jamais cru que je pourrais réussir là-bas. Au final, j’ai choisi la France seulement parce que c’était moins cher”. Comme beaucoup d’autres, Sédar n’est jamais retourné dans son pays dont il aime tant parler. Et pourtant. "Si je savais ce que je sais aujourd’hui, je ne serais pas ici", lâche-t-il...
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