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Episode 1 : en route mauvaise troupe !
mercredi, 10 février 2010 / Marie Bové (Europe Ecologie) /

Conseillère régionale Europe Écologie en Aquitaine

Chaque semaine, retrouvez le journal de campagne pour les Régionales 2010 de Marie Bové, candidate sur la liste Europe Ecologie pour la Gironde.

Par Marie Bové, tête de liste Europe Ecologie / Gironde

Native du Sud Gironde, me voilà sur les routes du berceau familial pour conduire la campagne des élections régionales… ou plutôt animer une campagne d’éducation populaire à l’écologie politique. Pas facile ! La seigneurie socialiste compte de nombreux vassaux répondant à l’unisson : « Parole tenue » [1], le greenwashing (éco-blanchiment) bat son plein. Au Barp, terre d’accueil des ingénieurs de l’industrie militaire de l’atoll de Mururoa, je me suis invitée avec le réseau Sortir du nucléaire à l’inauguration d’une centrale photovoltaïque. Au pied du Laser Mégajoules, enclave de simulation de l’arme atomique, le président de région n’a pas hésité à se faire mousser sur les énergies renouvelables, cache-sexe local des armes de destruction massive. Dommage, pas une seule éolienne n’est implantée en Aquitaine et la forêt détruite par la tempête Klaus devient la nouvelle proie de la spéculation foncière à la faveur de parcs photovoltaïques. Emplois verts ? Oui, 30.000 peuvent être créés… à condition de diversifier les productions d’énergie, d’irriguer le territoire selon les besoins et de réserver le photovoltaïque sur du bâti existant.

Face à cette boulimie énergétique déguisée en « croissance verte », j’ai repris mon chemin pour un bol d’air bien mérité avec les militants de la SEPANSO [2] et la police de l’environnement. Journée de protection des zones humides oblige, je me suis retrouvée de la boue jusqu’aux genoux dans la réserve naturelle de Bruges. Biodiversité, protection des espèces, alternatives à l’étalement urbain… autant de discussions qui ont rythmé cette balade en lisière de zone industrielle.

Mais la zone c’est aussi celle de la jeunesse, frappée de plein fouet par le chômage (+ 25% en 2009) et l’exclusion raciale. Une rencontre s’est imposée d’elle-même au fond d’un bar le jeudi soir. Fabrice Bérahil et Peggy Kançal, candidats éligibles de 31 et 29 ans, s’en sont donnés à cœur joie sur la mise en réseau des acteurs de formation face à la politique du guichet, le droit au logement ou le partage des cultures. Quant à moi, je me suis éclipsée un moment sur une manif pointant du doigt les dérapages contrôlés sur l’identité nationale… N’ayant de nationale que le mépris des migrants ou celui des femmes contraintes de voiler leur émancipation devant la porte close des plannings familiaux.

Des droits humains au droit d’accès aux ressources, il n’y a qu’un pas. D’où la venue de Jean-Luc Touly [3] quelques heures après l’occupation des locaux de Veolia avec Danielle Mitterrand. Eau, bien commun de l’humanité ou pétrole bleu des multinationales ? Gestion publique ou marchandisation des ressources naturelles ? Usagers ou clients ? Autant de questions, autant d’encouragements pour les collectivités plaidant le retour en régie pour un service public de l’eau et de l’assainissement.

De réseaux écolos, en réseaux sociaux et politiques, rien de mieux que de finir la semaine par les assises de l’écologie politique ! Suivie par une équipe de France 2, une virée sur le marché de Cadillac au coude à coude avec Noël Mamère, nous a conduits vers la salle de meeting de Mérignac. Intervenant pour ma première tribune publique, je revois cette image du rassemblement des acteurs rencontrés les jours précédents. Réunis pour amender le programme de campagne, ma mère me glisse à l’oreille : « la maturité des propositions ne peuvent plus vous faire passer pour une bande d’hurluberlus ». Nul doute, l’écologie politique a les pieds sur terre.