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Diversité : les étudiants nantais réussissent avec BRIO
lundi, 8 février 2010 / Morgan Broudic /

Étudiant à Sciencescom Nantes. Stagiaire à la rédaction de terraeco.net.

Le débat sur les moyens à mettre en œuvre pour atteindre 30% de boursiers dans les grandes écoles a pris un tournant mercredi dernier avec la signature de la Charte sur l’Égalité des Chances par le Gouvernement. À Nantes, des initiatives ont déjà vu le jour...

L’objectif des 30% de boursiers demeure pour les Grandes Écoles, mais sur la forme, la pilule passe mieux. Les parties prenantes, Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur, et les chefs d’établissement se sont accordées mercredi 3 février sur 10 points essentiels, dont les fameuses cordées de la réussite, ce label créé pour promouvoir l’égalité des chances et la réussite des jeunes face à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

À Nantes, les grandes écoles n’ont pas attendu cette Charte pour s’activer et inverser la tendance. Depuis 2006 avec la création du programme BRIO (Fais un Bond pour la Réussite par l’Initiative et l’Ouverture) par l’école de commerce Audencia et par Centrale Nantes, à l’initiative de retraités centraliens, les deux groupes se placent comme des acteurs de la diversité sociale. Le partenariat, qui regroupe 8 classes préparatoires et 11 lycées de la périphérie nantaise, a vu grossir ses rangs avec l’entrée de l’Ecole vétérinaire, ainsi que des Mines de Nantes. Le dispositif a reçu le label « Cordée de la réussite » en novembre 2008.

Ce tutorat est proposé aux étudiants à l’issue du premier semestre de licence par le Directeur des études et s’étale sur un an et demie. 18 mois au cours desquels les étudiants en master suivront le parcours d’une soixantaine d’élèves de 1ère et de terminale, par sous groupe de 5 à 6 pour deux étudiants : « On essaie de mélanger non seulement les établissements, mais aussi les options », explique Morgane, étudiante en master 1 à l’École Vétérinaire de Nantes et coordinatrice du projet.

L’écart se creuse au lycée

« Quand ils arrivent en prépa, nos élèves tutorés sont surpris par l’écart culturel pré-existant entre eux et les élèves de lycées privés du centre-ville. Ils ont l’impression de ne pas avoir suivi le même programme », note Bénédicte Paille, responsable du dispositif BRIO, qui évoque carrément le « délit d’initiés » : la plupart des élèves de classes préparatoires sont majoritairement des enfants de professeurs ou de cadres supérieurs. « Beaucoup d’élèves de prépas sont ’chauffés’ depuis des années par leur environnement familial, ils connaissent les modalités des concours et se sont forgés une culture générale en adéquation avec ceux-ci. Le déterminisme a encore de beaux jours devant lui. »

Les tuteurs, qui ne font pas de soutien scolaire, proposent aux lycéens des questionnaires de culture générale, des débats d’actualité par sous groupes, une présentation globale des classes préparatoires, des IUT et des Licences afin d’agir sur leur ambition, en les incitant à s’engager sur des parcours plus valorisants : « L’objectif n’est pas de donner des cours, ou de résoudre des problèmes comportementaux », rappelle Mme Paille. Alexandre, élève de Terminale STL à Jean Perrin dans la périphérie nantaise a rendez-vous toutes les deux semaines, le mercredi après midi pour ces ateliers, au sein même des Grandes Écoles « Ça m’a tout de suite branché ! Les sorties, les débats, les ateliers vivants, le week-end linguistique en Angleterre : toutes ces choses auraient été impossibles dans mon lycée », s’enthousiasme-t-il.

Une initiative à prolonger

Inutile de chercher à imposer des quotas : « L’école Vétérinaire est déjà à 35% de boursiers, les Mines et Centrales sont à 30% également. Seule Audencia tourne autour des 20%. On arrivera facilement à 30% », estime Mme Paille. C’est peut-être sur la sélectivité des épreuves et notamment sur les langues qu’il faudrait plancher. » Rappelons brièvement les chiffres de boursiers en Grandes Écoles à l’échelle nationale : ils sont une moyenne de 22,9% en écoles d’ingénieur (11% à Polytechnique), 20,7% en école de commerce (12,3% dans les écoles les plus sélectives) et environ 22,8% dans les ENS (Écoles Normales Supérieures). Le dispositif BRIO soulève un certain enthousiasme chez ses premiers bénéficiaires : Les organisateurs voient quant à eux avec plaisir le nombre de tuteurs et d’élèves augmenter avec le temps. La première promotion avait vu 12 de ses 36 élèves accéder en classe préparatoire. En juillet 2009, 30% des 65 élèves y étaient admis.

Les dix objectifs de la Charte sur l’égalité des chances :

- 1/ La promotion de la culture scientifique et technique dès le secondaire pour lutter contre la désaffection de ces filières
- 2/ La participation de 100% des grandes écoles d’ici 2011 aux Cordées de la réussite
- 3/ La participation des grandes écoles aux processus d’orientation
- 4/ La création d’ici à fin 2011 de 100 nouvelles classes préparatoires permettant à des élèves boursiers de bénéficier d’un accompagnement personnalisé par des étudiants de grandes écoles et enfin de nouvelles classes prépas technologiques.
- 5/ La création de vingt nouveaux internats d’excellence d’ici à 2012, qui feront une large place aux filles.
- 6/ La généralisation de la gratuité des concours pour les boursiers.
- 7/ Le développement des voies d’admissions parallèles.
- 8/ La révision du contenu des concours afin de limiter le nombre d’épreuves discriminantes (telles que les épreuves de langue par exemple).
- 9/ Le développement de l’apprentissage dans les grandes écoles.
- 10/ Un travail collaboratif avec les représentants de la filière technologique pour en améliorer le contenu.