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Moebius : « Vive le Bio graphique ! »
vendredi, 29 janvier 2010 / Morgan Broudic /

Étudiant à Sciencescom Nantes. Stagiaire à la rédaction de terraeco.net.

Au détour d’un cocktail au Cognac (partenaire du festival d’Angoulême), rencontre inespérée avec Jean Giraud, alias Moebius, monstre sacré de la bande-dessinée, créateur avec Jodorowsky de « L’Incal ». L’écologie chevillée au corps, l’homme, toujours prompt à s’enflammer, déborde toujours d’imagination.

Terra eco : l’écologie est-t-elle un sujet compliqué à traiter en bande-dessinée, artistiquement parlant ?

Moebius : "Tous les sujets sont très durs à traiter, sauf ceux qui tiennent réellement à cœur. Les œuvres dans lesquelles on voit les auteurs attaquer ou défendre sur commande sont imbuvables. Je suis persuadé que la création relève d’un principe de croissance organique, sans engrais chimiques, antinomiques avec la vie. Quand je parle d’engrais, j’entends ces idées néfastes et fausses, que des auteurs mettent dans le récit pour l’épicer. La vérité, la beauté et l’écologie sont trois choses très similaires. Pour parler de ces sujets si semblables et si différents, il faut le faire avec l’énergie de la colère, de la survie ! Sinon, s’exprimer devient inutile…"

Est-il plus difficile de parler d’écologie avec des adultes qu’avec des enfants ?

"Incomparablement. La richesse d’alimentation intellectuelle s’entretient à tout âge, et certains exclus sociaux sont éloignés de ce bain culturel nécessaire pour savoir ce qui se trame réellement dans la société. L’humain a besoin de vivre au milieu des autres, mais il est entouré de loups, et de nombreux bergers sont les complices de ces loups. L’enfant vit dans un bain d’amour, dont les adultes sont mutilés. Il est donc plus enclin à aimer son environnement, à respecter les préceptes que ses parents lui dictent ou qu’il rencontre à l’école, ou dans ses lectures."

Avez-vous déjà songé à publier des bandes dessinées éco-conçues ?

"Je dois avouer que non. Mais c’est une belle démarche : pour faire bouger les systèmes, il faut pousser les industriels à changer en interne. Je pense que de très nombreuses décisions, politiques par ailleurs, sont amorcées par des demandes d’industriels. C’est aussi à ces gens là de prendre confiance en eux et conscience de la contrainte environnementale et de travailler au long cours pour notre planète."

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Illustration : Moebius