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Salariés en plan
jeudi, 16 septembre 2004
/ Walter Bouvais / Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net Suivez-moi sur twitter : @dobelioubi Mon blog Media Circus : Tant que dureront les médias jetables , / Bénédicte Foucher , / David Garcia , / X |
Tati, Bosch, Lustucru, Vishay, Doux... La saison des plans sociaux bat son plein, laissant des centaines de salariés sur le carreau et des élus paralysés. Dans un livre Entretien avec des licencieurs, Isabelle Pivert propose un regard inédit : celui de ceux qui "exécutent" les plans sociaux. Terra economica publie des extraits de cet ouvrage. Et livre, en 12 questions et sans langue de bois, le point de vue de trois professionnels : un consultant, un DRH et un ancien inspecteur du travail.
Faut-il parler de licenciements massifs ou de sauvegarde de l’emploi ?
Claude-Emmanuel Triomphe [1]) : Dans l’esprit du public, un plan social est un "plan de licenciements". Or, juridiquement, ce que l’on nomme plan social est en réalité un "plan de sauvegarde de l’emploi". Autant dire qu’on se situe à 180 degrés de l’interprétation du public. Concrètement, un plan de sauvegarde de l’emploi est un ensemble de mesures destinées, premièrement, à éviter les licenciements et deuxièmement, à en limiter l’impact et à organiser la reconversion des personnels.
Marc Bordier : Comme le rappelle Isabelle Pivert au début de son livre, "le travail constitue un élément structurant central de la vie d’un adulte dans notre société". Le plan social est donc vécu comme un drame parce qu’il vient briser le lien social et la part d’identité que des salariés ont construit à travers leur activité professionnelle. Cette dimension psychologique et identitaire du plan social est bien plus difficile à traiter que ses conséquences matérielles : il est plus délicat d’aider quelqu’un à reconstruire son identité professionnelle. En outre, dans le cas d’un plan social, cette perte d’identité est non seulement individuelle - elle affecte chaque salarié personnellement - mais aussi collective, parce qu’elle vient rompre un équilibre de groupe.
François Ariès : La décision de mettre en œuvre un plan social est prise indépendamment des compétences et des mérites des uns et des autres. Aussi, ceux qui vont en être victimes rejettent la responsabilité sur l’entreprise, qui va détruire en quelques mois leur équilibre social et familial. Dès lors, un plan social ne peut pas être ressenti autrement que de façon dramatique.
CET : Ce point ne se discute pas. Toutefois, cette réalité ne concerne qu’une minorité d’entreprises, notamment des grands groupes dans lesquels il existe un cadre plus protecteur. Le problème vient surtout des PME qui n’ont que peu de moyens et pas d’outil adapté pour faire face à la situation exceptionnelle qu’est un plan social. Conclusion : il y a des plans sociaux à deux vitesses. On peut même dire qu’il y a plusieurs vitesses au sein d’un même plan social. Ainsi, tout le monde considère le plus naturellement du monde que la première mesure pour sauvegarder l’emploi est de stopper les contrats à durée déterminée ou en intérim. Pourquoi s’étonner, dans ces conditions, que les travailleurs précaires ne se syndiquent pas...
MB : Un plan social est bon lorsqu’il est à la fois légitime et bien exécuté. Pour qu’il soit légitime, sa nécessité doit être établie et reconnue par tous. Il est impératif que la direction et les salariés s’accordent autour du constat d’une surcapacité structurelle et durable de l’outil de production par rapport au niveau d’activité de l’entreprise. Dans la phase d’exécution, un plan social pourra être qualifié de "réussi" s’il parvient à limiter le nombre de licenciements secs en privilégiant les reclassements internes. Bien entendu, ce cas idéal n’est pas le plus fréquent.
MB : Les pouvoirs publics pourraient peut-être compléter les dispositifs existants par un système d’incitations économiques ou fiscales qui viendrait encourager les entreprises à privilégier les reclassements internes.
FA : Pas nécessairement. C’est un plus, mais il ne faut pas perdre de vue qu’un plan social est toujours un constat d’échec pour l’entreprise comme pour les salariés. Essayez de convaincre un condamné à mort de la justesse de sa peine !
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