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Dilemme : vinyle ou CD ?
vendredi, 5 février 2010 / Stéphanie Senet

Dopé par la musique électronique, le vinyle connaît un deuxième souffle. Mais face au disque compact, le microsillon assure-t-il sur les platines environnementales ?

Emissions de CO2

CD : Ce n’est pas tant la production de l’objet que le mode de transport utilisé par le consommateur qui importe. Selon une étude réalisée en août 2009 par des chercheurs des universités américaines de Carnegie Mellon et de Stanford, la moitié des émissions de CO2 d’un CD acheté en magasin viennent du trajet effectué en voiture pour s’y rendre.

VINYLE : Côté emballage – deuxième source d’émissions –, le vinyle sort vainqueur du duel avec sa pochette en carton, face au boîtier en polystyrène du CD et son emballage en PVC. Selon l’ONG britannique Julie’s Bicycle, l’emballage est responsable du tiers des émissions de CO2 de l’édition musicale. L’organisation milite donc pour la généralisation de l’emballage carton des CD. Un mode de packaging qui, selon elle, n’émet quasiment pas de CO2. En France, la société MPO, dont l’usine se trouve en Mayenne, presse l’ensemble de la production hexagonale de vinyles : un bon point à la rubrique transport.

Critères écologiques

CD : Son empreinte est chargée en raison des matières précieuses nécessaires à sa fabrication : aluminium, or, argent… Il contient aussi des vernis, des colorants chimiques et du verre. Surtout, il est composé à 90 % de polycarbonate fondu. Et selon la société Coldisk, il faut 30 m3 de gaz naturel, 2 tasses de pétrole brut et 24 litres d’eau pour fabriquer 500 g de ce type de plastique, la quantité nécessaire pour confectionner 30 CD.

VINYLE : Seule la fabrication du master implique des matériaux rares. Mais le vinyle du commerce n’est pas blanc comme neige : il est composé de papier et surtout de PVC, dont la production – selon Greenpeace – provoque des émanations de toxiques chlorés comme les dioxines et les furannes. Le disque biodégradable serait la solution idéale. Un « Mild disk » a été mis au point en 2003 par Sanyo et Mitsui Chemicals, à base d’acide polylactique fabriqué avec de l’amidon de maïs. Malheureusement, aucune commercialisation n’a suivi.

Déchets

CD : Le polycarbonate peut être transformé en granulés, ce qui intéresse l’industrie de la plasturgie (connectique notamment), mais le recyclage ne décolle pas. Et ce alors que le flux est estimé à 50 tonnes par an en France selon la société niçoise IPM qui traite 10 tonnes de galettes chaque année. L’association CDmoi récupère, elle, plus d’une tonne de CD par an en Lorraine. Dans l’attente d’une collecte véritable (Coldisk y travaille en Ile-de-France), on peut toujours les stocker dans ses placards. On évite au moins l’incinération ou l’enfouissement.

VINYLE : Hormis la société lorraine Cempi (en cours de dépôt de bilan…), qui a développé un système de broyeur pour les recycler, son devenir n’intéresse que le marché de l’occasion. Sa durée de vie est plus courte que celle du CD. —

Bilan pour les oreilles

CD : En attendant les douceurs des galettes de maïs, préférez les CD dont les boîtiers sont en carton et allez chez votre disquaire à vélo, à pied ou en transport en commun.

VINYLE : L’achat sur Internet se révèle moins gourmand en énergie. Evitez toutefois la livraison par avion…

Photo : Rue des archives - Bca

- L’étude des universités américaines

- Les études de Julie’s Bicycle