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Nicholas Stern : "On a les clés pour un accord mondial sur le climat”
mercredi, 27 janvier 2010 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Pas de quoi déprimer, pour Nicholas Stern. L’économiste britannique, de passage au Collège de France où il donnera bientôt des cours, ne s’avoue pas vaincu malgré l’issue, décevante, de Copenhague. Un accord international sur le climat reste encore possible, assure-t-il. A condition de revoir les méthodes de négociations et de collaborer.

“C’est très important d’être optimiste. Si on est pessimiste, on aura un résultat pessimiste. Si on est optimiste, on a une chance d’avoir un bon résultat. Si on veut être sérieux, il faut être optimiste”, sourit Nicholas Stern, persuadé qu’un accord international sur le climat est encore possible. Économiste britannique de renom, auteur du célèbre rapport éponyme sur l’économie du changement climatique en 2006, Nicholas Stern était venu ce mardi présenter sa bobine à la presse hexagonale avant d’endosser pour un an la présidence de la chaire Développement durable au Collège de France.

La conférence de Copenhague ? L’homme l’avoue : “Elle s’est avérée décevante à bien des égards. Mais l’accord de Copenhague constitue une base à partir de laquelle on peut construire. Il contient la plupart des éléments clés pour un accord mondial”. Ces éléments-clés ce sont la reconnaissance par tous les pays de la nécessité de limiter l’augmentation des températures à 2°C, de lutter contre la déforestation, de financer le développement des pays pauvres... “Il n’y a pas de problème de fond sur le plan environnemental ou économique. Maintenant c’est une question de choix politique, de volonté politique.” Sauf que les leaders sont arrivés trop tard sur le long chemin des négociations qui ont mené à Copenhague. “J’espère que cette fois-ci ils arriveront plus tôt”, a précisé M. Stern.

Reste qu’il faut plus de collaboration dans les négociations. “Le défaut de Copenhague c’était que les pays riches ont élaboré des propositions et les ont soumises aux pays pauvres.” La solution ? Elle se trouve plutôt du côté des échanges multipartites. Comme cette rencontre improbable autour d’un accord entre les pays du Basic (Brésil, Afrique du Sud, Inde, Brésil) et les États-Unis à la fin de la conférence de Copenhague. “On ne peut pas travailler avec 192 pays. Ça ne marche pas du tout. (...) Il faut des groupes de travail beaucoup plus petits”, a-t-il martelé. Des groupes “composés de pays développés, de pays en voie de développement et de pays situés entre les deux. Si on travaille comme ça, on pourra avoir des résultats cette année.” Objectif ? Être prêt cet été en vue d’un accord à Mexico fin 2010. “2010 doit être l’année des décisions énergiques”, a martelé Lord Stern.


Nick Stern au Collège de France

Nicholas Stern a été choisi par le Collège de France pour occuper la chaire Développement durable cette année. Une chaire créée en 2009 et financée par le pétrolier Total pour cinq ans consécutifs à hauteur d’environ 1,2 million d’euros. Le premier cours de M. Stern qui portera sur “Les grands défis du 21e siècle : vaincre la pauvreté et gérer le changement climatique” se tiendra le 5 février entre 10h et 12h. La vidéo sera retransmise (en français et en anglais) sur le site du Collège de France.

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- Photo : Neil Palmer/CIAT