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Auto-entrepreneurs : des verts mais aussi des pas mûrs
jeudi, 28 janvier 2010
/ Julien Vinzent / Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco. |
2009 : une année de crise qui a vu les créations d’entreprises bondir de 75%. Une prouesse due à l’arrivée de l’auto-entrepreneur (AE pour les intimes). Mais si le statut est une aubaine pour de nombreux indépendants dans l’âme qui hésitaient à se lancer (dans l’économie verte par exemple), le pays des AE n’est pas celui de oui-oui...
Pas de parking, de vitrine ou de standard, mais une résidence tout ce qu’il y a de plus banal, avec son interphone et ses boîtes à lettres alignées. Voici le siège de l’entreprise d’Alain Orluk : son appartement du centre-ville de Marseille. Il en est le patron et l’unique salarié. Comme les 320 018 autres auto-entrepreneurs français qui se sont lancés depuis un an, doublant presque les chiffres de créations d’entreprises.
Une formation auprès d’Ozatys, la tête de réseau qui regroupe près de 200 de ces auto-entrepreneurs verts, et c’est parti. Depuis fin 2009, il a déjà signé trois contrats, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Parmi les pionniers du statut, les deux tiers n’ont pas déclaré de chiffre d’affaires, et pour les autres la moyenne est de 1 330 euros par mois. De quoi relativiser l’euphorie. Pour Alain Orluk, l’AE n’est "qu’un tremplin", puisqu’il espère bien vite dépasser le plafond de 32 100 euros de chiffre d’affaires annuel.
Mais à l’époque l’AE et l’aide aux demandeurs d’emploi créant ou reprenant une entreprise (ACCRE) n’étaient pas compatibles. Résultat : "je paie des cotisations comme une micro-entreprise. Je pense que je vais passer en artiste libre…", soupire-t-elle. De manière générale, "tout a été tellement rapide que plein de choses n’ont pas suivi. Il n’y a pas de communication entre les organismes et il faut parfois rester une semaine au téléphone pour avoir une information", regrette-t-elle.
Et la multiplications des AE a d’autres revers. "Sur les marchés, les anciens me disent qu’il y a beaucoup plus d’exposants. Mais certains vendent un peu n’importe quoi et changent de régions toutes les semaines, rapporte-t-elle. Dans un autre secteur, les artisans voient d’un mauvais œil les bricoleurs du dimanche qui peuvent désormais facturer leurs dépannages en toute légalité. "Concurrence déloyale", crient-ils. Après le plombier polonais, voici venir le spectre du plombier retraité français, en AE…
Auto-entrepreneur dans la communication après une période de chômage, Richard Klein prend les choses avec pragmatisme. "CLIC Conseil est une jeune société, elle n’aurait pas les moyens de s’offrir un type comme moi. Des plus de 50 ans et de jeunes au chômage, il y en a beaucoup, et les employeurs ont du mal à se décider. Alors ce statut, c’est un argument supplémentaire, une façon comme une autre de remettre le pied à l’étrier", estime-t-il.
Richard Klein développe pour CLIC un concept de "publicité écologique" en fixant des affiches derrière des vélos à assistance électrique. Si ça marche, il espère que l’entreprise l’embauchera comme directeur commercial.
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Légende photo : Alain Orluk, auto-entrepreneur conseiller en photovoltaïque.
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