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Sida : quand le business s’en mêle
jeudi, 3 mars 2005
/ Cécile MAHE
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/ Tuplu (illustration)
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La dernière conférence internationale sur le sida, organisée à Bangkok sur le thème de l’accès aux traitements pour tous, a rappelé l’urgence à poursuivre la mobilisation contre l’épidémie. Laquelle ne cesse de se développer et n’épargne aucun continent. Aujourd’hui les grandes entreprises entrent dans la bataille, pour des raisons autant économiques que sanitaires. Quels qu’en soient les motifs, cette participation est plus que bienvenue. Elle est tout simplement vitale.
Ils sont ouvriers, cadres, managers. Ils ont 28 ans en moyenne. Ils travaillent dans les pays du Sud, dans les filiales de multinationales et dans des secteurs aussi divers que le bâtiment, l’automobile, les mines ou la production d’énergie. Ils sont victimes du sida. Pour leur venir en aide, plusieurs grandes entreprises se sont réunies récemment au sein de la Global Business Coalition [1]. Leur engagement : se battre contre l’hécatombe sanitaire et économique. Bons sentiments ? Certainement pas.
Cette coalition de 150 sociétés a installé son siège à New York et son bureau européen à Paris. Elle est dirigée par Anglo American depuis début juillet, sous le patronage de Richard Hollbrooke, ancien ambassadeur américain aux Nations unies. Pour les entreprises qui la composent, la GBC n’est autre qu’une réponse à l’enjeu économique d’une épidémie sans précédent. Et par voie de conséquence à l’enjeu sanitaire et humain.
A contrario, "l’action de prévention aura coûté moins cher que mon "budget" de l’année en frais d’obsèques", reconnaît le directeur d’une entreprise camerounaise du bois. Dans son entreprise, un employé sur deux était touché par la maladie (contre 12% pour l’ensemble de la population du Cameroun). Pour faire connaître cette réalité, la fondation Pharmaccess International ne prend pas de pincettes. Son appel "Economisez des vies, économisez de l’argent" a été adressé aux entreprises du Ghana où 4 % de la population vit avec le virus. La prévention coûte, en moyenne, 1000 dollars par an et par personne. "A ce prix là, explique Olivier Vilaça, le "Monsieur sida" à la direction des ressources humaines du groupe Lafarge, on finance les traitements antirétroviraux, le suivi biologique, les infrastructures et les personnels de santé. On dépense ainsi 10 fois moins que si on ne faisait rien". Arie de Groot, directeur général de Pharmaccess International, enfonce le clou : "Les patrons que nous avons sensibilisés surestimaient souvent les coûts de la prévention et des traitements. De plus, certaines entreprises prenaient déjà en charge les traitements du paludisme et de la tuberculose. En s’occupant du sida, elles ont réduit leurs dépenses."
Voir les entreprises jouer sur un terrain qui ne leur est pas familier peut laisser sceptique. Pourtant, le constat est quasi unanime. Pour lutter contre l’épidémie, l’action bénévole manque cruellement de moyens. La bureaucratie des organismes internationaux s’apparente parfois à un éloge de la lenteur. Dans ces conditions, le monde des affaires, dont personne n’ignore les motivations, peut produire de réelles avancées en apportant un savoir-faire et des moyens complémentaires aux acteurs de terrain. Une association comme Act-up réclame d’ailleurs depuis des années un réel engagement de multinationales, comme Coca-Cola en Afrique et en Inde...
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