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Le Fleuve Jaune vire au rouge
mardi, 12 janvier 2010 / Hélène Duvigneau

Avec 150 000 litres de fuel déversés dans les eaux de deux affluents du Fleuve Jaune, et toujours pas un mot d’explication de la compagnie responsable, le pétrolier CNPC, la Chine connait une nouvelle tragédie environnementale.

Déjà bien mal en point, pollué, asséché tant par l’homme qu’en raison des conditions climatiques, le Fleuve Jaune n’avait pas besoin d’une nouvelle catastrophe. C’est pourtant ce qui arriva au deuxième plus grand fleuve de Chine, long de plus de 5 000 km, le 30 décembre dernier. 150 000 litres de gazole se sont déversés dans la Chishui et la Wei, deux de ses affluents, après la rupture d’un oléoduc, propriété du fleuron pétrolier chinois : la CNPC.

Selon les instances officielles et la CNPC, la pollution de la Wei a été "maitrisée" à coups de canaux d’évacuation et d’agents absorbants, ce après avoir atteint le niveau 5 de pollution (le plus haut niveau). Est-ce vraiment le cas ? Toujours est-il que 700 ouvriers ont été mobilisés pour réparer la fuite.

En Chine, les eaux du Fleuve Jaune alimentent la consommation de millions de Chinois. Par ailleurs, Greenpeace Chine évalue à 70% les rivières, lacs, et réservoirs d’eau déjà pollués à travers le pays, notamment du fait de l’industrie (papèterie, chimie, textile), sans compter l’agriculture intensive, très friande en produits chimiques.

Déjà en 2005, l’explosion d’une usine de produits pétrochimiques dans le nord-ouest de la Chine avait entrainé le déversement de 100 tonnes de benzène dans la rivière Songhua, depuis tristement célèbre, et entrainé une privation d’eau pour des millions de personnes.

Pour empêcher l’eau contaminée de couler vers les villes de Zhengzhou et Kaifeng, qui regroupent 3,5 millions d’habitants et dépendent à 95% du Fleuve Jaune pour leur consommation d’eau, les autorités chinoises ont arrêté les 6 générateurs du barrage de Sanmenxia, situé sur le Fleuve Jaune.

Reconnaissant sa part de responsabilité dans l’accident, CNPC n’en a pas moins rejeté la faute sur un "troisième acteur", dont elle n’a pas cité le nom et qui effectuait, selon elle, "des travaux dans la zone". Aucun dédommagement n’a été proposé aux victimes.

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- Crédit photo : China.org, Lanzhou, portion du Fleuve Jaune, dans la province du Gansu.