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J’ai testé : la litière végétale
dimanche, 27 décembre 2009 / Karen Bastien

Un chat, ce sont des câlins, des ronronnements et des tonnes de déchets granuleux. Les 10 millions de félins français représentent une vraie bombe écologique. Que l’on va tenter de désamorcer.

Quand vous rentrez chez vous après une journée harassante de boulot, qu’est-ce qui vous donne envie de retourner immédiatement au boulot ? Plus encore que d’ouvrir la porte d’un frigo où trône une plaquette de beurre au jaune défraîchi. Plus encore que de découvrir, vautrée sur le canapé, que TF1 a décalé Grey’s Anatomy sans même vous prévenir. Plus que tout cela, c’est d’avoir les narines envahies par l’odeur des pissouilles du chat alors qu’il n’avait que ça à faire aujourd’hui, de changer lui-même sa litière. Oui, je parle de ces grains grisâtres en provenance de carrières espagnoles, qui pèsent 4 tonnes au bout du bras et que le matou se fait un malin plaisir de disséminer dans l’appartement dès que ladite litière est crade et qu’elle colle sous ses petons.

Je vous entends déjà hurlant contre mon intolérance face aux fonctions vitales d’un mammifère carnivore. Que nenni. Si je rêve du chat d’appart sans option litière, ce n’est pas pour mon confort personnel. Mais pour celui de la planète. Car mon matou Abra – à l’origine, il s’appelait Abracadabra, mais c’est le genre de nom qu’on regrette d’avoir donné une seconde après l’avoir prononcé – est une bombe écologique en puissance : la litière pour chat, ce sont 2 % des déchets ménagers en France, soit 400 000 tonnes par an ! Ce qui en fait l’un des membres actifs du Top 5 des déchets de l’Hexagone. Au cours de sa vie, le chat a beau ronronner, il génère quand même plus d’une tonne de déchets.

Espèce rare en France

Au rayon 60 millions d’amis de mon supermarché, je cherche à racheter ma mauvaise conscience féline. Un paquet tout de vert vêtu et flanqué du logo du WWF me tend son anse. Il s’agit d’une litière végétale, espèce encore rare dans nos rayons, puisqu’en France, il se vend 66 % de litière minérale, 26 % d’agglomérante, 5 % de végétale et 3 % de silice. Nature Gold de Cat’s Best, c’est son nom, me promet une litière élaborée à partir de déchets de bois de scierie, matière renouvelable et sans agent chimique. Cent pour cent biodégradable, elle peut se jeter dans les toilettes ou être compostée et absorberait 5 fois plus qu’une litière traditionnelle. Pompon : pour chaque produit acheté, une partie du prix est reversée au WWF, ONG qui a audité le produit et lui a fixé des critères à améliorer chaque année.

Première révolution dans la caisse de la litière : plus besoin de cette poudre blanche que j’achetais pour désodoriser la litière minérale. Un produit chimique en moins et à la place, une bonne odeur naturelle entre le bois et les céréales. Deuxième révolution : la joie d’enlever chaque jour les parties souillées de la litière et de les jeter aux toilettes. Un coup de chasse d’eau – après un pipi perso, car l’eau est un bien rare – et c’est parti. Conseil : la litière relocalisée près des WC et c’est le paradis, car traverser la moitié de l’appartement avec les besoins du chat peut se révéler dangereux. En tout cas, c’en est fini de l’angoisse du sac poubelle qui se déchire sous le poids de la litière en descendant l’escalier. Bon, les dimensions de mon logement m’empêchent d’aborder la partie compost. Mais mon porte-monnaie fait, lui, une réclamation : près d’1 euro le kg, contre 30 centimes d’euros en moyenne pour une litière basique minérale.

Et Abra dans tout ça ? Nos débats sur le sujet ont été limités, comme souvent. Mais aucun miaou de protestation ou de contentement particulier n’a été constaté. Abra ne semble pas traumatisé pour un sou. Prochaine étape : le pâté au tofu. —

Illustration : Adrien Albert