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Ca coince au Palais de la glisse de Marseille
dimanche, 3 janvier 2010
/ Julien Vinzent / Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco. |
Le "Bercy marseillais", conçu "dans une politique de développement durable" selon la ville, suscite pourtant de nombreuses critiques, notamment sur la question des transports.
Plus de 20 000 m2, une capacité d’accueil de 7 400 personnes pour les grands événements, deux patinoires et un skate-park, le tout sur cinq niveaux : posté à l’entrée de la ville, le Palais de la glisse et de la glace, rebaptisé Palais Omnisport Marseille Grand-Est (POMGE) au dernier moment, en impose. Après deux ans et demi de construction, ce chantier à 45 millions d’euros financé exclusivement par la mairie a été inauguré en grande pompe il y a quelques jours par une brochette d’élus de la majorité UMP municipale et la ministre chargée des Sports Roselyne Bachelot.
Bilan : une consommation annuelle réduite de moitié, à 8 600 MWh par an, et une belle communication estampillée "développement durable" en plein sommet de Copenhague. Le sémillant patron de la cité phocéenne s’est donc dit "sans complexe par rapport au sympathique cortège de pingouins qui s’est joint à cette inauguration". Autrement dit, les militants déguisés pour l’occasion du collectif Urgence Climat 13, dont Sébastien Barles, élu vert au conseil municipal et directeur de campagne Europe Écologie pour les régionales.
"Sur le principe, je prends. Dans le quartier d’à côté, le parc du XXVIe centenaire a donné aux gens l’envie de rester. Ici on commence à en être fier, à se l’approprier", estime de son côté Victor Farina, président de la fédération des comités d’intérêt de quartier (CIQ) du 10e arrondissement [1], où le palais est situé. Seulement il faut construire intelligemment en pensant aux équipements à côté, aux voiries, aux transports. C’est le talon d’Achille de ce bel équipement".
"Il y a un côté illogique que je ne comprends pas : si on veut attirer du monde, on s’arrange pour avoir les infrastructures à côté, déplore Brigitte Masson, conseillère PCF à la mairie des 9e et 10e arrondissements. Et même si l’on fait le choix du tout voiture, il faut assumer. Or on n’a pour l’instant que 250 places de parking !". Du côté de la communauté urbaine de Marseille (CUM), en charge des transports, on a du mal à se dépêtrer de l’héritage Gaudin, qui était aux manettes de l’institution lorsque le projet est sorti de terre. "On récupère le bébé et on sera bien obligés de trouver des solutions, car si l’équipement a du succès on verra bien qu’il y a des dysfonctionnements", concède André Varese, vice-président de la commission transports. Pour son premier grand événement, le championnat de France de patinage artistique, c’est un autre problème qui a été mis en lumière vendredi par le quotidien régional La Provence : l’indigence de l’accessibilité aux personnes handicapées.
Le même jour, Jean-Pierre Fouquet, élu vert et membre de la commission transports à la communauté urbaine, en profitait pour rappeler la proposition de son parti, d’ailleurs un temps évoquée par la mairie : "à 100 mètres du palais, vous avez une ancienne ligne ferroviaire d’ordures ménagères qui permettrait de prolonger facilement le tramway", explique-t-il, carte à l’appui. La ligne connecterait ainsi une gare TER qui dessert toute la métropole et où vient d’être prolongée la ligne 1 du métro au terminus de l’autre ligne où l’on retrouve notamment le fameux stade Vélodrome… Pourtant, le prolongement du tramway -qui a désormais les faveurs de la mairie - consisterait à rallier la non moins célèbre Canebière à la place Castellane. Sauf que les deux lignes de métro et plusieurs lignes de bus effectuent déjà ce trajet…
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