https://www.terraeco.net/spip.php?article798
|
L’avion à réactions (suite)
jeudi, 15 juillet 2004
/ Walter Bouvais / Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net Suivez-moi sur twitter : @dobelioubi Mon blog Media Circus : Tant que dureront les médias jetables |
...Outre le bruit et l’odeur, l’avion et ses gaz à effet de serre contribuent comme le transport routier à un risque majeur : le changement climatique. Chaque année, 1,6 milliard de personnes et 30 millions de tonnes de marchandises prennent la route des airs. Pour transporter ce petit monde, les compagnies aériennes brûlent 200 millions de tonnes de kérosène et produisent 300 millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES). "Deux passagers consomment autant de carburant pour un vol aller-retour Paris-Mexico qu’au volant d’une petite voiture qui parcourrait 20000 kilomètres en un an", explique André Gastaud, de la Mission interministérielle sur l’effet de serre. L’avion serait responsable de 3 à 4% du total des émissions planétaires dues aux activités humaines. Non négligeable, cette part devrait croître formidablement. A l’horizon 2050, l’aviation pourrait à elle seule, être responsable de 15% des émissions de gaz à effet de serre, estiment John Whitelleg et Howard Cambridge, deux chercheurs du Stockholm Environment Institute.
Question corollaire : que peut-on faire ? Installer des panneaux de limitation de vitesse sur l’autoroute Paris-New York ? Construire des avions propres ? Impossible. Air France souligne que la gêne sonore a chuté d’un tiers depuis 1997 et que la consommation de carburant par passager a été réduite de 20% entre 1991 et 2003. Insuffisant : dans les cinq dernières années son trafic a cru de 70%. "Les progrès technologiques ont déjà été faits", résume André Gastaud. Restent quelques pistes pas très politiquement correctes. "Interdire aux gens de se déplacer ? Personne n’y songe... Inclure l’aviation dans un système de permis d’émissions de CO2 [voir Terra economica numéro 11] ? C’est à la mode. Mais ça doit se faire au niveau européen", observe André Gastaud. Et puis il y a le rail. "Si vous allez en Asie ou en Amérique, vous ne voyagerez pas en TGV... Mais sur les trajets de moyens courriers, on pourrait donner la priorité au train", souligne Sébastien Trollé.
"Malheureusement, en économie tout ce qui est difficile à évaluer est considéré comme nul. C’est inacceptable, car ensuite la collectivité paie à la place des usagers", souligne Pierre Radanne, ancien président de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Avant de prévenir : "Inévitablement, le transport aérien sera mis au pilori dans les futures discussions internationales sur le climat. C’est aussi une question d’équité. Jusqu’ici on a tapé à tout bout de champ sur les industries pour leur réclamer des efforts, alors que les transports automobile et aériens sont systématiquement passés entre les gouttes." C’est tonton et son incinérateur qui vont être contents.