https://www.terraeco.net/spip.php?article7923
Les négociations au point de bascule
mardi, 15 décembre 2009 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

Plus de pincettes ni de nuances. Ce mercredi, il faudra aux ministres, désormais aux manettes, choisir entre "the fame ou the shame" (la gloire ou la honte). Et faire jouer le compromis pour espérer un accord en fin de semaine.

Il ne reste que 72 heures. "Après deux ans de travail, de petits pas, il en reste un dernier à accomplir. Et pour y parvenir, vous ne devez avoir qu’un mot clé en tête : le compromis". Connie Hedegaard, la présidente danoise de la Conférence sur les changements climatiques avait le ton grave et direct mardi soir. Tour à tour solennelle puis railleuse "les délégués me font penser à des enfants patientant jusqu’au dernier jour pour rendre leur copie", la ministre danoise du climat est aussi devenue au fil des jours une cible idéale de certaines délégations, mais aussi de ceux que l’on appelle ici les "observers", les membres des ONG.

Les représentants des « petits pays » n’ont eu de cesse depuis le début de la négociation de réclamer davantage de considération mais aussi de transparence. A tel point que certaines délégations ont quitté la table des discussions et interrompu les séances à deux reprises depuis l’ouverture, le 7 décembre. Dans son discours mardi soir, Connie Hedegaard a exhorté chacun à se « montrer responsable et à assumer ».

Assumer, c’est bien ce que comptent faire les ONG boutées petit à petit hors de l’arène des discussions. Estimés à plus de 15 000 ces derniers jours, les représentants des organisations non gouvernementales ne sont plus que 7 000 depuis lundi et ne dépasseront pas la centaine vendredi, ultime journée des discussions. Et cette amputation fait grogner. "Ce n’est pas bon signe constate, amère, Élise Buckle du WWF France. On sent que tout se referme alors qu’on entre dans la dernière ligne droite. Ça pose un vrai problème de transparence. Même les délégations n’ont pas accès aux agendas des meetings".

Et pendant ce temps là, la France...

A Paris, le président Sarkozy a présenté un texte signé conjointement avec le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi supposé faire avancer les négociations. A Copenhague, la proposition franco-africaine a été accueillie dans l’indifférence générale, semant même la confusion à l’heure où les débats entrent dans leur phase finale.

Demain à l’ouverture des discussions, les plénières débuteront, cette fois avec les ministres aux pupitres censés examiner un texte, raboté, simplifié et issu des deux dernières années de négociation. Quel sera l’accueil ? Auront-ils l’envie de compromis suffisante pour transmettre aux chefs d’État la mouture au bas de laquelle ces derniers pourront coucher leur signature ? Rien n’est moins certain. Dans le cas contraire, il faudrait exhumer d’autres propositions des tiroirs, à moins que de nouveaux projets – comme celui de la France mort-né mardi midi – ne jaillissent de nulle part.

2 sur 5. C’est, selon notre baromètre Terra eco, la température des négociations au huitième jour du sommet de Copenhague sur le changement climatique.


AUTRES IMAGES

JPEG - 4.8 ko
364 x 76 pixels

JPEG - 33.2 ko
300 x 53 pixels