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Dilemme : livre électronique ou papier ?
dimanche, 29 novembre 2009 / Louise Allavoine

Lancé aux États-Unis il y a deux ans, le Kindle d’Amazon débarque en Europe. Adopter la liseuse électronique, c’est épargner des arbres. Mais le papier mérite-t-il sa mauvaise presse ?

Critères écologiques

Livre électronique : Les impacts les plus importants sont liés à la production de la tablette. Car, comme pour tous les produits de l’industrie électronique, l’extraction minière des matières premières pèse sur son bilan, tout comme l’énergie que consomme la liseuse en phase d’utilisation et les e-déchets qu’elle va générer. Un programme de recyclage du Kindle et des batteries a toutefois été mis en place, selon Amazon.

Papier : La plupart des impacts apparaissent avant lecture. Ils sont liés à la fabrication du papier, l’impression et la distribution. En 2008, 125 millions d’arbres ont été abattus pour alimenter l’industrie du livre et de la presse aux Etats-Unis d’après The Green Press Initiative. Cette organisation à but non lucratif a également calculé que 75 % de son impact est lié au papier, bien que les journaux utilisent du recyclé à hauteur de 35 %. Mais l’industrie du papier est gourmande en eau. Selon la très sérieuse revue Environmental Science and Technology, la production de livres nécessite 78 fois plus d’eau que celle de liseuses. Plouf !

Emissions de gaz à effet de serre

Livre électronique : Selon une étude du Cleantech Group, la madame Irma du business vert aux Etats-Unis, le Kindle provoquerait l’émission de 168 kg équivalent CO2 sur l’ensemble de son cycle de vie.

Papier : Un livre moyen, lui, affiche 7,46 kg éq. CO2 du berceau à la tombe. Partant de ces données, le bilan du Kindle serait compensé à partir du 23e livre lu. Au-delà, ce serait tout bénef pour la planète. Et comme les Français lisent en moyenne 16 livres par an, il ne faudrait qu’un an et demi pour rentabiliser « carboniquement » la tablette. Problème : dans une étude commandée par Hachette, le cabinet de conseil Carbone 4 est parvenu à une toute autre conclusion. Selon lui, un bouquin ne pèse qu’1 kg éq. CO2 contre 250 pour une liseuse électronique. La liseuse ne se rentabiliserait alors qu’après 250 livres, soit plus de quinze ans au rythme de lecture gaulois. Un âge auquel l’appareil sera dépassé technologiquement depuis belle lurette.

Praticabilité

Livre électronique : Question confort de lecture, le Kindle rivalise avec le livre grâce à son poids – moins de 300 grammes – et son écran de 15 cm, dont la technologie d’encre électronique permet une lecture sans reflet, même en plein soleil. La batterie met tout de même quatre heures à se recharger pleinement mais a une autonomie de deux semaines en lecture lorsque le wireless, le réseau sans fil qui permet de télécharger les livres, est désactivé. Car nul besoin d’ordinateur pour avoir accès à la librairie digitale. Le catalogue propose 350 000 ouvrages. Seulement, très peu sont disponibles en français. Le Kindle 2 permet d’en stocker 1 500 simultanément.

Papier : Le livre de poche tient dans la poche, mais pas les sept volumes de A la recherche du temps perdu. Côté affectif, le Kindle ne pourra jamais égaler le plaisir de tourner la page ni le touché du papier.

Porte-monnaie

Livre électronique : Pour l’acquérir depuis la France, il faut commander le Kindle sur le site américain d’Amazon. Frais de port et douane compris, il coûte la bagatelle de 245 euros. Sans compter l’adaptateur pour la prise électrique. Ensuite, il faut acheter le contenu. Aux Etats-Unis, Amazon propose les nouveautés de l’édition pour 9,99 dollars (7,50 euros environ).

Papier : Selon le syndicat national de l’édition, le prix moyen d’un livre papier est à peu près de 10 euros. —

Photo : Marc Abel / Picturetank

- Les conclusions du Cleantech Group sur le Kindle
- Le bilan carbone d’Hachette dans Livres Hebdo
- Le livre électronique selon le site du Syndicat national de l’édition