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Quand les poules pondent durable
dimanche, 29 novembre 2009 / Frédéric Ville

Christian et Pascale Cédra ont créé Notre basse-cour, un réseau d’élevage respectueux des animaux et de l’environnement. Visite d’une franchise agricole verte.

Jusqu’en juillet 2008, Vincent Cloteaux était électrotechnicien. Jusqu’à ce qu’il rencontre Pascale et Christian Cédra, les créateurs de la franchise Notre basse-cour. En 1995, ces anciens cadres agricoles lancent d’abord la marque dans le Calvados pour vendre leurs œufs issus d’un élevage de poules respectueux des animaux et de l’environnement. C’est un succès. Mais en 2006, le couple souhaite « transmettre son savoir-faire » : la franchise est née.

Depuis que Vincent Cloteaux y a adhéré, chaque matin à 9 h 30, il ouvre ses douze poulaillers en bois sur son élevage de Guignen, en Ille-et-Vilaine. Les cabanes, ventilées naturellement, ne dépassent pas les 2,50 m de haut afin de s’intégrer au mieux dans le bocage alentour. Les poules, âgées de dix à onze semaines, se précipitent vers les agrainoirs situés dans la même parcelle. « Les poules disposent de 8 m2 chacune (4 m2 en bio, ndlr), vivent par lots de 100 à 200 et se nourrissent aussi d’herbe et d’insectes », explique Christian Cédra. L’herbe étant primordiale, le modèle n’est reproductible que dans des régions à la pluviosité suffisante. Actuellement, deux franchisés sont installés dans le Calvados, un dans l’Orne, un en Ille-et-Vilaine. Et un nouveau le sera bientôt en Seine-Maritime.

Crêpes artisanales

Entre les deux ramassages de la matinée, toujours d’humeur égale, Vincent Cloteaux calibre les œufs : ses 1 200 poules en pondent environ 950 tous les jours. Le créneau visé, c’est « un œuf situé entre le Label rouge et le bio (1). C’est un choix de départ pour un œuf pas trop élitiste vendu 14 à 15 centimes aux intermédiaires », explique Christian Cédra.

Comme tous les franchisés Notre basse-cour, Vincent Cloteaux livre ses œufs dans un rayon de 60 à 70 km, « à des boucheries, fabricants de crêpes artisanales, restaurants et épiceries ». Pas de panneau solaire sur le toit de son élevage, « mais cela viendra », assure-t-il. L’autonomie énergétique est en effet prévue dans la franchise. Le « zéro plastique, zéro ferraille et zéro béton » également. Et en cas d’angoisse, Christian Cédra est au bout du fil. Parés de leurs statistiques, les franchisés se réunissent une fois l’an pour échanger sur leur expérience.

Outre le droit d’entrée de 7 500 euros, ils payent 300 euros par mois pour l’exploitation de la marque. « Notre modèle ne doit pas dépasser 1 600 poules par élevage, ce qui permet de faire vivre une personne avec un revenu de 20 000 à 25 000 euros annuels pour un investissement hors terrain de 80 000 euros avec un apport personnel de 20 000 euros », détaille Christian Cédra. Actuellement, cinq personnes envisagent de rejoindre la franchise, mais Christian Cédra ne vise pas l’extension tous azimuts. « Dans le Morbihan, un Gaec (Groupement agricole d’exploitation en commun, ndlr), voulait installer un élevage avicole en complément de la franchise de poules pondeuses, explique-t-il. Cela aurait signifié vendre aussi à des grandes surfaces : nous avons refusé. » —

(1) Pour obtenir le Label rouge, les poules doivent recevoir une alimentation 100 % végétale, qui contient au moins 65 % de céréales. Pour le label bio, les aliments sont sans OGM et à 90 % bio. La lumière artificielle doit rester éteinte au moins 8 heures par jour et les antibiotiques ne sont tolérés qu’à titre exceptionnel.

Photo : Patrick Allard / Rea

- Notre basse-cour