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« Chef, on a atomisé les poubelles »
dimanche, 29 novembre 2009 / La rédaction de Terraeco /

Installée entre Paris et Nantes, la rédaction de « Terra eco » commet des enquêtes et articles originaux et « pilote » un réseau de 100 correspondants sur les 5 continents.

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« Une poubelle pour les déchets papier, une pour le reste. » C’est la ritournelle des employés de bureau bien élevés au développement durable. A « Terra eco », on les a carrément supprimées.

On reproche aux journalistes de farfouiller dans les poubelles des autres pour en extirper de sombres faits divers. Pour les besoins de la cause, l’équipe de Terra eco a décidé de plonger dans ses propres immondices. Enfin, pas si propres que cela, comme vous allez le découvrir. Tout commence un beau jour au début de l’année 2009. Cherchant à peser les déchets produits par notre équipe – on a les loisirs qu’on peut –, nous nous lançons dans l’exploration des bacs de tri de la « Halle 6 ». La Halle 6 ? C’est un lieu nantais au look post-industriel converti en pépinière, où se croisent quotidiennement 150 personnes, dont 14 collaborateurs de Terra eco.

Ici, la règle de tri est bête comme chou. Chaque entreprise est gratifiée d’un quota de sacs. A droite, les sacs jaunes sont supposés contenir des déchets valorisables. Ils prennent la direction de filières de tri. A gauche, les sacs bleus reçoivent le tout venant, les déchets organiques, etc.Bref, tout ce qui ne se recycle pas. Compris ?

Accompagnés d’un expert du tri spécialement détaché pour l’occasion, nous décortiquons un premier sac. En l’occurrence, un jaune. « Déchets recyclables », donc. Notre spécialiste manque de se pâmer. Quelqu’un y a glissé un filtre à café usagé. En trifouillant, notre expert découvre que le « fautif » a même laissé sa trace. Sourire en coin, il extirpe du sac un morceau de papier à en-tête frappé du logo « Terra eco ». Le constat est sans appel : le cordonnier est bien mal chaussé.

Canettes ratatinées

Ni une ni deux. Nous voilà bons pour une séance de rattrapage, en compagnie d’Olivier Humeau, un des créateurs de la société Solution recyclage. Finis les sacs de couleur où tout finit par se mélanger. Solution recyclage subtilise même nos poubelles et les remplace par une collection de bacs en carton (dits « cartonnettes »), centralisées sur un chariot, qui recueillent directement nos déchets. La règle semble un peu plus subtile qu’avant, mais beaucoup plus motivante. En effet, seuls les déchets organiques terminent leur course dans un sac bleu. Le « reste » – en fait, l’immense majorité – est collecté dans lesdites cartonettes : canette de soda, glassine des enveloppes, films plastiques, CD et DVD, bouteilles, cartons, cartouches d’imprimantes, papiers usagés, etc. Ces derniers sont posés à plat, les canettes ratatinées à coups de talons et les bouteilles en plastique, compressées. Moins volumineux, ces déchets nécessitent moins d’espace de collecte et, par la suite, moins de place dans les camions qui les convoient vers leurs sites de valorisation respectifs.

Le dispositif présente un triple avantage. Premièrement, les trois quarts de nos déchets sont ainsi valorisés. Le déchet n’est plus seulement une saleté vu qu’il devient la matière première d’autres entreprises. Deuxièmement, la présence de ce rack à l’entrée du journal joue un rôle pédagogique : nos déchets prospèrent sous notre nez et à vue de nez. C’est une excellente façon de prendre conscience de leur volume, et donc de le réduire à la source. Enfin, nos grandes poubelles de tri ont disparu, libérant ainsi de l’espace pour de nouveaux meubles de rangement. Reste un point : que faire des quelques sacs de déchets organiques ? Promis, la prochaine étape, c’est le compostage. —