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La haine du patron
lundi, 1er décembre 2003 / Arnaud Gonzague

Gisèle Ginsberg, Je hais les patrons, Seuil, coll. L’épreuve des faits, 230 p., 18 euros.

Depuis vingt ans, la vie quotidienne au travail en France est devenue de plus en plus pénible. Le poids de la concurrence mondiale, le resserrement des marchés et le développement du chômage ont conduit les entreprises à pressurer leur personnel, surtout peu qualifié : précarisation et « flexibilité » accrues, explosion du stress et des troubles musculo-squelettiques, désyndicalisation galopante… Je hais les patrons présente une synthèse de la régression sociale que vivent employés et ouvriers depuis deux décennies. Malheureusement, ceux qui s’intéressent aux sujets n’apprendront rien. Et l’idée de la journaliste Gisèle Ginsberg de donner la parole aux salariés "d’en bas" n’amène pas grand-chose, à l’exception de deux ou trois témoignages formidables. Elle survole tous les thèmes sans entrer dans les détails, se répète un peu et, surtout, ose quelques généralités militantes. Ainsi la "grande rupture" entre les cadres et les directions, constatée entre autres par le sociologue Paul Bouffartigue, n’existe pas. Dans sa vision, ils restent les gardes-chiourmes zélés - et méchants - du patronat. "Quand on est cadre supérieur, copiner avec la simple piétaille n’est pas du meilleur goût si l’on veut faire carrière", nous apprend-elle. Plus tôt, on a avait même lu que "certains patrons aiment leur entreprise, certes, mais point vraiment leur salariés" ! Dommage que l’enquête de ce livre soit aussi manichéenne que son titre.


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