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Soyez audacieux !
dimanche, 29 novembre 2009 / Walter Bouvais /

Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net

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Mesdames et messieurs de Copenhague, il nous a fallu plus de vingt ans pour nous rencontrer. Il a fallu plus de vingt ans – le temps de voir grandir la génération de l’après-Mur de Berlin – pour que la question du changement climatique passe du statut d’une intuition sérieuse, défendue par quelques experts, à celle de priorité politique partagée par la société civile. En effet, vingt et un ans exactement nous séparent de la création du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, ce réseau de 2 500 scientifiques qui étudient les dérèglements du climat et nous alertent sur ces phénomènes et leurs conséquences pour nos sociétés. Pendant ces vingt années, les émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés signataires du Protocole de Kyoto n’ont baissé que de 2,8 %, alors que l’objectif initial (-5,2 %) était déjà faible.

Ce simple fait met en lumière le fossé qui existe entre l’urgence écologique et le temps des décisions politiques. Les dérèglements du climat ne sont pas une simple hypothèse. Leurs conséquences sont palpables et mettent déjà en danger des populations, souvent les plus fragiles, souvent « au Sud », mais pas seulement. Malheureusement, le temps politique – rythmé par la courte vue de nos démocraties hypermédiatisées – n’a pas encore intégré cette urgence. Nous devons changer d’échelle dans les meilleurs délais. Il ne s’agit pas de blâmer tel ou tel. Beaucoup d’élus se battent pour faire avancer la société et obtiennent des résultats concrets à l’échelle de leur territoire. Mais pour passer à la civilisation « faiblement carbonée », il faut bien davantage. Pour changer de civilisation, il faut une rupture intellectuelle qui se traduise à son tour par une rupture sans précédent dans les comportements et dans l’organisation de nos sociétés.

Pour ce faire, les politiques peuvent compter sur une société civile inventive et audacieuse : elle est là, sous nos yeux. A l’image des initiatives que nous égrenons régulièrement au fil de nos pages, des entrepreneurs, des ONG et de simples citoyens proposent des idées nouvelles, concrètes, capables de se répandre rapidement et de produire des effets massifs. Aujourd’hui, cette société civile est en mouvement. Elle n’a pas peur d’avancer. Et elle est prête à relever le défi de la lutte contre le changement climatique. Il ne manque plus qu’un ingrédient : la confiance des Etats dans cette capacité à consentir d’importants efforts. Mesdames et messieurs de Copenhague, le monde attend de vous de l’audace. —