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E comme électricité
mercredi, 25 novembre 2009

Aujourd’hui, 1,5 milliard de personnes sont toujours privées d’électricité dans le monde, selon le Pnud (programme des Nations unies pour le développement). Notamment en Afrique où 8% de la population vit sans la fée électricité. Ce sont les énergies fossiles qui sont à l’origine de la majorité de l’électricité mondiale. « Le charbon figure en tête (39%) devant le gaz (19 %) alors que l’hydroélectricité n’arrive qu’en troisième position (16 %), » abonde Franck Jésus. Les nouvelles sources d’énergies renouvelables telles que l’éolien ou le solaire souffrent d’être intermittentes. Un handicap important dans certains usages. Une batterie de couveuses ne peut s’en remettre aux bons soins de la météo !

Propre l’électricité ?

« L’impact climatique de l’électricité dépend principalement de la source d’énergie », tempère Franck Jésus, chef du service observation, économie et évaluation à l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe). Meilleure illustration : la voiture électrique, communément présentée comme LA solution d’avenir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Une idée reçue, bien trop simpliste.

En France, 76% de l’électricité est d’origine nucléaire, soit une source peu émettrice de CO2, donc pourquoi pas. Même si le nucléaire pose d’autres problèmes, notamment de risque et de toxicité des déchets. En Norvège également puisque, d’après les chiffres d’une étude du Syndicat des Energies Renouvelables, l’hydroélectricité est à l’origine de 98,2% de la production. Idem en Islande qui couvre l’essentiel de ses besoins de manière verte, dont 27% en exploitant la chaleur de la terre. Mais en Pologne, la production d’électricité repose essentiellement sur les centrales à charbon. Le développement des véhicules électriques n’y sera pas une solution miracle, loin de là.

Des compteurs intelligents à l’avenir

L’heure à laquelle l’électricité est consommée influe également sur son impact climatique. « Pour prendre le cas de la France, le nucléaire fournit la production de fond mais ne satisfait pas aux demandes de pointe, indique Franck Jésus. Ce sont les centrales les plus émettrices de CO2 qui prennent le relais à ce moment-là. » A l’avenir, la consommation et la distribution d’électricité pourrait être plus réactive et interactive via des réseaux électriques intelligents ou « smarts grids ». Un Internet de l’électricité pour adapter l’offre à la demande et réciproquement. Il faudra attendre 2017 pour que les 35 millions de compteurs français deviennent intelligents.

C’est en tout cas le souhait d’Electricité Réseau Distribution France qui, dès 2010, expérimentera 300 000 modèles communicants, dénommés Linky, en zone urbaine (Lyon) et rurale (Indre-et-Loire). La possibilité de connaître sa consommation en temps réel devrait permettre de la modérer. « On estime qu’il est possible de réaliser entre 5% et 10 % d’économies, explique Jean Vigneron, le responsable national du projet Linky. Moi, je dirais 5 % en informant, 10% en pilotant. » Car c’est le deuxième gros avantage des réseaux intelligents : la possibilité d’arrêter ou de démarrer chaque appareil individuellement selon l’état du réseau et le prix de l’électricité. Et de faire tourner sa machine à laver en heures creuses ! Le compteur Linky permettra également de vendre ou de consommer de l’énergie. « La production autonome, notamment dans le monde rural, pourra éviter toute disproportion entre consommation et production », conclue Jean Vigneron.

Article rédigé pour Terra eco par Eric Bellegarde, étudiant au CFPJ (Centre de formation et de perfectionnement des journalistes)

- Le syndicat des énergies renouvelables
- Electricité Réseau Distribution France : le réseau de demain
- Déchets, le cauchemar du nucléaire :
- Le site du programme des Nations unies pour le développement