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C comme (marché) carbone
mercredi, 25 novembre 2009

“C’est pour minimiser le contre-coup économique des engagements pris à Kyoto que l’UE a créé en 2005 le marché européen du carbone”, explique Maïté Jauréguy-Naudin, coordinatrice du programme énergie de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Cet accord international impose aux 38 pays les plus industrialisés de réduire leurs émissions de 5% avant 2012 et ce par rapport aux émissions de 1990. L’UE se voit donc imposer une réduction de 8%. C’est pour atteindre cet objectif, permettant à terme aux industriels de troquer leurs technologies polluantes pour des procédés plus verts, qu’elle a mis en place un système d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre.

Ici, on n’échange pas des actions ou des matières premières mais des droits à polluer. Concrètement, “un cimentier français qui émet plus de CO2 que la quantité autorisée va acheter des quotas à une entreprise belge qui, elle, a fait des efforts de réduction, par exemple en remplaçant toutes ses ampoules à incandescence par des modèles à basse consommation”, explique Serge Harry, le président de la bourse carbone BlueNext. Si ces entreprises dépassent les quotas sans avoir acheté des droits à polluer, elles devront payer 100 euros par tonne de CO2 excédentaire émise. Bien plus que le prix du marché (14 euros). Objectif à terme : “Diminuer les quotas pour renchérir le prix de la tonne de carbone. Ainsi, les industriels prendront conscience qu’il est moins onéreux d’investir dans des technologies vertes que d’acheter des quotas”, poursuit Serge Harry.

- 3% d’émissions en 2008

Aujourd’hui, seules les installations industrielles des secteurs de l’énergie, du métal, du ciment, du verre et du papier, soit 11 400 entreprises européennes, sont soumises à ce marché. Une fois par an, chaque Etat membre, après accord de la Commission Européenne, leur attribue gratuitement ces droits à polluer.

Des marchés similaires existent ailleurs dans le monde. Aux Etats-Unis, un pays pourtant non signataire du protocole de Kyoto, le Chicago Climate Exchange (CCX) a été mis en place dès 2003. Ce marché est peu contraignant puisque la participation des entreprises se fait sur la base du volontariat. Dans le Nord-Est des Etats-Unis, 10 Etats ont créé en janvier dernier : le Regional Greenhouse Gas Initiative. Des systèmes similaires se sont développés ou sont en projet au Japon, en Nouvelle-Zélande et en Australie. Mais le marché européen est, à ce jour, le plus abouti.

Le système semble porter ses fruits : entre 2007 et 2008, les émissions de l’UE ont baissé de 3%. Le faible cours de la tonne de CO2 qui en résulte risque d’inciter les industriels à reporter à plus tard leurs investissements dans la recherche et le développement de technologies propres.

Article rédigé pour Terra eco par Patricia de Sagazan, étudiante au CFPJ (Centre de formation et de perfectionnement des journalistes)

- Le système d’échange de quotas européen
- Les allocations de quotas par pays