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Les beaux jours du dopage
jeudi, 8 juillet 2004
/ Rémy Geasse
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/ Toad
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/ David Solon / Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco |
Comme un rituel, les révélations sur le dopage dans le sport fleurissent avec la tournée estivale des “artistes” du Tour de France. Ici, un athlète contrôlé positif, là un laboratoire mis en cause... On frôle la rubrique des faits divers. Pourtant, le dopage dépasse ces clichés. Impliquant de nombreux pans de nos sociétés, cette pratique est l’aboutissement de logiques très individuelles, face auxquelles s’est structuré un circuit économique international, draînant quelque 8 milliards d’euros. Et pas près de se tarir.
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C’est d’abord une histoire presque banale. Celle de Sophie. Un petit bout de jeune fille folle de ski et de pentathlon [1]. Dans sa tête d’adolescente, des images de résultats et de carrière de sportive de haut niveau. Et puis patatras. Un accident, une opération, l’avenir remis en cause. Pas pour elle. Malgré un handicap pulmonaire, elle pousse au maximum aux entraînements - jusqu’à quatre séances par jour - enchaîne la compétition de pentathlon l’été tout en préparant celle de ski pour l’hiver et inversement. "J’arrivais à l’entraînement prête à tout casser, c’était une vraie bagarre contre moi-même. Je devais prouver que même diminuée je pouvais faire plus que les autres."
L’histoire de Christophe Bassons, coureur cycliste pour Festina, La Française des Jeux puis Jean Delatour est éloquente elle aussi. Considéré comme "plein de promesses" par son environnement - on lui prédisait une victoire finale dans le Tour de France - ce Tarnais de 1 mètre 85 va donner un grand coup de pied dans la fourmilière. "J’ai découvert le dopage au bataillon de Joinville quand je voyais les gars se faire des injections de fer ou de corticoïdes. Et puis je me suis aperçu que pour eux, c’était une pratique courante. "Pour être cycliste professionnel, il faut le faire", me disaient-ils." En 1996, il intègre l’équipe Festina gagne 12000 francs par mois puis rapidement 28000. Son entourage croit en lui.
Deux histoires. Celle de Sophie en lutte contre elle-même, celle de Christophe contre un milieu, un système parfaitement rôdé. Au bout du compte, la même issue. Tous les deux ont refusé le dopage. Et mis un terme à leur carrière.
Jean-François Bourg va encore plus loin. Selon lui, le dopage n’est pas une "pratique déviante, mais bien la norme. C’est une attitude presque naturelle dont le ressort central est très intime, souvent lié au culte de l’individualisme, au système marchand et libéral." Selon l’économiste, "dans cette logique c’est la liberté individuelle qui prime, avec un objectif : le retour sur investissement. L’homme n’a jamais pu accepter ses limites physiques ou mentales", ajoute-t-il, en concluant sur cette définition du sociologue de l’Insee Patrick Mignon qui explique que le dopage c’est "pour être soi, pour être mieux, pour être mieux que soi."
Fabrice Bryand, médecin du Football club de Nantes depuis 18 ans insiste sur cette phase d’information et donc de prévention. "Il faut faire encore davantage sur ce terrain, réclame-t-il, car la demande est très forte et ne peut pas systématiquement passer par le médecin du club." Même son de cloche chez Dorian Martinez qui note d’ailleurs "une recrudescence" des appels et des demandes d’infos de la part des pharmaciens et même des médecins sur le dopage. "C’est en train de rentrer dans les mœurs." Preuve que l’inquiétude grandit ? Que la demande en produits dopants sort du bois elle aussi...
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