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Le "prêt-à-penser" du FMI et de la Banque mondiale
lundi, 19 janvier 2004
/ Arnaud Gonzague
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A LIRE - Joseph E. Stiglitz, La Grande désillusion, le Livre de Poche, 407 p., 4,50 euros.
A un pays en développement menacé par la spirale du surendettement, le Fond monétaire international (FMI) préconise plusieurs mesures simples pour réaliser des économies. Entre autres, réduire les dépenses de santé d’une population souvent éreintée par le sida, rendre payantes les écoles gratuites, privatiser les services publics et plonger dans le chômage une masse croissante de travailleurs. Un étudiant en première année d’économie comprendrait que ces mesures ont toutes les chances d’aggraver la situation plus que de l’améliorer. Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie 2001, ancien conseiller de Bill Clinton et ex-vice-président de la Banque mondiale - poste dont il démissionna en 2000 -, le comprend lui aussi. Et c’est un cri d’indignation qu’il lance dans sa Grande désillusion, qui vient de ressortir au format poche.
Clair, argumenté, l’économiste décrit le gâchis humain de ces "ajustements structurels", notamment dans le remarquable chapitre consacré à la "transition" vers le capitalisme de la Russie. Mais Stiglitz convainc aussi en ce qu’il dépasse le stade de l’indignation, et livre quelques propositions constructives pour réformer les grandes machines autistes que sont les institutions de Bretton Woods. Entre autres, renoncer aux solutions "prêts-à-porter" en adaptant les thérapies à la culture et au rythme de chaque pays et en les faisant participer à leur propre redressement. Et globalement, ne plus "oublier" qu’on ne peut réduire une nation, fût-elle économiquement "moins avancée", à un taux de change ou un déficit public.
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