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La dame de la tour verte
dimanche, 22 novembre 2009
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Chercheuse en entreprise, Perrine Moulinié travaille sur les enjeux environnementaux dans la tour Elithis de Dijon, le premier bâtiment tertiaire à énergie positive.
A chaque chercheur, ses rats de laboratoire. Ceux de Perrine Moulinié, sont les 330 salariés de la tour Elithis, bâtiment à énergie positive sorti de terre en avril 2009 à Dijon. Six entreprises, 5 000 mètres carré de bureaux. Une idée sortie de l’imagination de Thierry Bièvre, pédégé d’Elithis, poussé par l’envie de « construire un bâtiment vertueux sans coût supplémentaire. » Mais le projet ne serait rien sans l’envie de créer un « laboratoire d’éco comportements ». C’est là que la chercheuse sort le bout de son nez.
Il y a trois ans, quand Perrine Moulinié se présente face à Thierry Bièvre, l’idée de la tour Elithis n’a pas encore germé dans l’esprit de l’entrepreneur. Mais une doctorante qui tient à travailler en entreprise, ça ne se refuse pas ! « Je ne voulais pas faire une thèse pour faire une thèse, explique-t-elle. Je voulais toucher au réel, faire quelque chose d’utile à la société. » Comme trouver la solution miracle qui fera de chacun de nous des éco citoyens modèle. Perrine pousse donc la porte du projet Elithis, comme chargée de mission environnement et pour y mener sa thèse sur les relations des individus à l’environnement.
En 2008, Thierry Bièvre ouvre le chantier de la tour à énergie positive. L’ensemble est surprenant. Imaginez 560 mètres carrés de panneaux solaires photovoltaïques devant produire 82 000 kWh à l’année, des murs extérieurs isolés par une couche de cellulose, un bouclier solaire métallique sur la façade sud, une ventilation naturelle et une chaudière à granulés de bois. Bienvenue dans un bâtiment qui ne consomme que 20kWhep/m2/an [1], soit six fois moins qu’un bâtiment tertiaire standard.
Le pari de Perrine ? Conduire 200 personnes à modifier leurs comportements pour réaliser des économies d’énergie. La chercheuse a bien préparé le terrain. Pour convaincre les salariés de préférer la marche aux ascenseurs, l’entreprise a par exemple demandé à des graphistes dijonnais de peindre les cages d’escaliers afin de les rendre plus agréables ; Perrine Moulinié, elle, s’est penchée sur les postes de travail, elle a réorganisé la bureautique pour que les ordinateurs consomment moins et mis à disposition des salariés des bacs de tri des déchets.
Et depuis cette mise en place, elle observe, étudie les réactions de ses collègues d’un œil scientifique, mi-amusé, mi-blasé, toujours tolérant. Pas question de fliquer ses collègues. « Il s’agit de leur offrir les possibilités du changement, explique-t-elle. Ce que l’on veut, c’est redonner la main à l’usager. La technique, seule, ne suffit pas. Il faut avoir un comportement cohérent avec les objectifs vers lesquels tend le bâtiment. »
Sa fibre verte, Perrine la doit à son grand-père : « Alpiniste, il était proche de la nature et répétait à qui voulait l’entendre qu’on finirait par payer ce qu’on faisait endurer à la planète. » En grandissant, la jeune femme a adopté les « bons réflexes ». En revanche, elle ne s’est jamais engagée dans une association ou un parti politique. Elle estime primordial que des décisions soient prises à grande échelle, espère que Copenhague « sera enfin suivi d’effets et non une ultime déclaration d’intentions ». Mais elle croit plus que tout au comportement individuel. A ses yeux, l’échelle politique nationale ou internationale est nécessaire, mais pas suffisante. « Ce sont nos modes de vie qu’il faut changer ».
Elle aime d’ailleurs raconter cette histoire du mouvement Colibris de Pierre Rabhi : « un jour, il y eut un immense incendie dans la forêt, seul un colibri déposa, goutte après goutte, de l’eau sur les arbres. « Tu crois que ce sont tes gouttes d’eau qui vont arrêter l’incendie ? », se moquèrent les autres oiseaux. Et le colibri de répondre : « Seul, non, mais j’aurais fait ma part. » Alors, des rats de labortaoires les 330 salariés de la tour Elithis ? Non, ce sont plutôt les petits colibris de Perrine.
Portrait rédigé pour Terra eco par Mélanie Marois, étudiante au CFPJ (Centre de formation et de perfectionnement des journalistes).
Bio express
29 avril 1977 : naissance à Nancy
1995 : université de médecine à Dijon
1997 : études de sciences humaines et sociales, mention psychologie
Septembre 2005 : première thèse sur la représentation de la vie dans les quartiers
Décembre 2006 : embauchée à Elithis. Thèse sur les relations des individus à l’environnement
Avril 2009 : installation dans la tour Elithis, tour à énergie positive.
La tour Elithis
Sa thèse sur les relations des individus à l’environnement
Le mouvement du Colibris