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L’écho-citoyen
dimanche, 22 novembre 2009
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A l’initiative du Danish board of technology, 46 panels de 100 personnes, répartis dans 38 pays, se réunissaient pour préparer en amont le sommet de Copenhague sur le climat. Damien était sur le pont.
Il a participé à un évènement historique. La plus vaste consultation citoyenne simultanée organisée à ce jour : le World Wide Views on Global Warming (sondage planétaire sur le réchauffement climatique) avait pour objectif de préparer la conférence de Copenhague sur le changement climatique. Damien, 31 ans, un jeune réalisateur de films institutionnels, fait partie des 100 Français sélectionnés pour l’occasion. Sait-il que les organisateurs espèrent que les aspirations des citoyens iront dans le sens des préconisations scientifiques ? Quoi qu’il en soit, ils comptent bien se servir des résultats d’ici Copenhague, les agitant sous les yeux des médias et des délégations pendant la tenue de la conférence.
Frappé de conscience écologique en 2004, Damien décide, après quelques lectures sur le sujet, de passer aux actes. Il commence par soutenir financièrement Greenpeace, à la hauteur de ses moyens d’étudiant. Deux ans plus tard, il embarque dix jours sur le Rainbow Warrior pour « aller au bout de ses convictions ». « Je n’avais pas le pied marin, confie Damien, j’étais plus souvent à terre pour aider au ravitaillement. Mais j’étais à bord du bateau lors des confrontations avec les thoniers à Marseille », se souvient-t-il, pas peu fier. A la fin du mois d’août 2006, alors que les militants de l’association écologiste mènent une campagne de sensibilisation sur la protection du thon rouge, ils se heurtent à l’hostilité des thoniers méditerranéens, en tentant d’entrer dans le port phocéen. « Ils ont poursuivi leur campagne en direction de l’Espagne, et moi je suis rentré à Paris », raconte-t-il, l’air vaincu.
Le 26 septembre dernier, Damien et une centaine individus de tous âges et toutes catégories socio-professionnelles sont réunis à la Cité des sciences de Paris pour assurer la partie française de la consultation. Quatre thèmes sont abordés dans les questionnaires : les objectifs de l’accord à long terme, la réduction des gaz à effet de serre responsables du réchauffement, le financement des nouvelles technologies et celui de l’adaptation. Chaque partie est précédée d’un film informatif, projeté sur un grand écran dans la salle de conférence. « Ce sont des images que nous avons déjà tous pu voir dans des documentaires sur la 5, ou dans Une vérité qui dérange de Al Gore. » Rien de bien nouveau pour Damien.
Mais le questionnaire, qui devait se positionner à l’articulation entre l’expertise scientifique et l’engagement citoyen mettait davantage les intervenants en mesure de « prendre des décisions de ministres ou de chef d’État », s’agace le jeune homme. Chiffrer la réduction des émissions, mettre en place un Fonds international, sanctionner les pays délinquants… Pas de litanie sur les éco-gestes, que des propositions systémiques. Rares étaient les questions qui mettaient les "cobayes" en face d’initiatives individuelles : privilégier certains transports, modifier ses habitudes de consommation… « A aucun moment nous n’avons parlé d’écologie », regrette Damien. Et de conclure, en s’adressant aux autres membre du groupe : « Nous sommes en plein milieu de la fable de la grenouille et de la marmite ! », lance notre participant. « On plonge une grenouille dans une marmite d’eau tiède. Si l’on augmente tout doucement la température de l’eau, elle s’y habitue, et avant même d’avoir trop chaud, elle finit par cuire. Cette réunion, c’est un peu notre thermomètre. »
De retour chez lui, dans un appartement cosy du VIe arrondissement de Paris,l jeune homme s’interroge : « Bien sûr, la pression que peut exercer la société civile est essentielle aux prises de décisions politiques, mais je me demande quel impact cet exercice aura sur les négociateurs. » Son visage s’assombrit : « Je crains que les citoyens soient plus ambitieux que les politiques. » Puis dissimulant un sourire, il se tourne vers sa bibliothèque et en sort un recueil de répliques de Bertrand Blier en guise de conclusion : « Le réchauffement climatique est l’ennemi de la gaine ! »
Portrait rédigé pour Terra eco par David Gil, étudiant au CFPJ (Centre de formation et de perfectionnement des journalistes)