https://www.terraeco.net/spip.php?article7353
De l’espace, une meilleure vue sur le réchauffement
mercredi, 11 novembre 2009 / Hélène Duvigneau

Alors que l’Europe a lancé début novembre un satellite destiné à mieux comprendre le cycle de l’eau, Didier Renaut, responsable du programme météo et climat au CNES, revient sur ce que les satellites sont capables d’observer du réchauffement climatique.

Terra eco : L’année 2009 marque l’arrivée de plusieurs satellites d’observation de phénomènes liés au réchauffement climatique. Que permettent-ils de voir ?

Didier Renaut : "Il faut saluer l’exploit technologique du satellite japonais Ibuki, lancé en janvier, le premier à pouvoir mesurer la concentration du CO2 dans l’atmosphère. C’est un premier pas, car il ne permettra sans doute pas à lui tout seul, faute de précision, de remonter à la mesure des émissions de CO2 ni aux puits d’absorption (forêts, océans). Le projet OCO, que les Américains veulent reconstruire, devrait être encore plus précis. Quoi qu’il en soit, ces satellites permettent, de par leur couverture globale, de mieux comprendre les rejets et de s’assurer que certaines régions de l’océan fixent bien du gaz carbonique. Pour l’instant, nous disposons d’estimations mais pas de bilan complet et précis. Avec ces satellites nous espérons aussi contribuer à surveiller l’application des protocoles internationaux, pour savoir par exemple si les pays respectent ou non leurs engagements. La France a d’ailleurs un projet de satellite, Microcarb, qui devrait lui aussi mesurer la concentration de CO2 à la surface de la terre. Actuellement les contrôles reposent sur des bilans d’émissions réalisés par les pays eux-mêmes."

Quelles conséquences du réchauffement les satellites permettent-ils d’observer ?

"La première, c’est la fonte des glaces continentales, tel l’Antarctique, et des glaces de mer. Pour les glaces de mer, on utilise des radiomètres micro-ondes embarqués sur des satellites. Ces derniers défilent autour de la terre et surveillent régulièrement les pôles. Depuis 30 ans, ils ont montré que la surface couverte par les glaces de mer avait diminué de moitié dans l’Arctique, ce qui entraine l’ouverture en été de routes maritimes autrefois inaccessibles. Le deuxième exemple, c’est une mesure de l’élévation du niveau des mers. Elle est observable de manière très précise depuis une quinzaine d’années, grâce à des radars altimètres. Sur toutes les surfaces de tous les océans, le niveau a augmenté en moyenne de 3mm. Cela peur paraître peu, mais c’est une moyenne et les prévisions tablent sur une augmentation de 20 à 60 cm d’ici à la fin du siècle."

Comment les données recueillies sont-elles utilisées ?

"Les rapports du GIEC, le groupement d’experts intergouvernemental chargé d’évaluer les risques liés au changement climatique, s’appuient sur une batterie de modèles pour minimiser les erreurs. Or il y a des divergences importantes entre ces modèles. Pour un scénario donné d’émissions de GES, la divergence sur l’élévation de la température est d’environ 2 degrés, ce qui est encore peu précis. Quoi qu’il en soit, ce qui va surtout conditionner la concentration de GES dans l’atmosphère d’ici 30 ans, ce sera la façon dont les hommes arriveront ou non à contrôler leur rejets. Mais là, nous ne sommes plus dans le domaine scientifique..."

- Le site du CNES
- Le site des |Echos->http://www.lesechos.fr/info/hightec...]
- Crédit photo : ESA. Le satellite SMOS (315 millions d’euros) lancé le 2 novembre par l’Agence spatiale européenne doit cartographier l’humidité des sols des continents et la salinité des océans.