Que penserait Bouddha s’il lisait la presse pour cadres en cette période qui fleure les embruns vacanciers ? "Soyez zen au bureau", "Restez zen avec vos collègues", enjoignent en chœur ces empêcheurs de fulminer en rond. Il faut dire que le terme "zen" a un coefficient marketing proche du nirvana. Facile à retenir, un brin exotique. Et, surtout, suffisamment flou pour que chacun y trouve son compte. En somme, il possède les ingrédients du gimmick invocatoire de son alter-ego en négatif : le stress. Quand on y pense, quelle étrange postérité que celle de ce vocable venu du sanscrit "dyanha", désignant la méditation de l’auguste Bouddha sous son arbre (VIe siècle avant Jésus-Christ), devenu aujourd’hui une martingale pour yuppie fatigué ! Jouant sur la corde experte, le numéro de juin de L’Entreprise convoque même les lumières de Matthieu Ricard, moine bouddhiste médiatique et auteur de best-sellers zenifiants. "Votre collègue vous exaspère, le ton monte, les noms d’oiseaux volent. Intégrer la mort dans la vie peut permettre de réagir autrement qu’en s’énervant, préconise le riant Matthieu. Imaginez qu’il vous reste deux ans à vivre". Pas sûr que ça contribue à relancer la productivité, ça...