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La Chine veut stocker l’eau des glaciers
jeudi, 19 mars 2009 / Hélène Duvigneau

Au Tibet comme dans l’ouest de la Chine, les glaciers fondent à vive allure. En réponse, Pékin émet des plans de protection de l’environnement "kolossaux".

Comme les glaciers andins, ou la Mer de Glace du Mont-Blanc, les glaciers tibétains transpirent fort. En dix ans, ils ont fondu de 170 mètres sous l’effet du réchauffement climatique : +0,32 degré Celsius par décennie entre 1961 et 2007. Une moyenne supérieure à celle de la planète, selon le quotidien China Daily. Face à cela, les autorités chinoises prennent les choses au sérieux. Surtout en période politiquement sensible. Après avoir bouclé la région aux étrangers, en prévision du 50ème anniversaire du soulèvement antichinois, Pékin fait assaut de bonne volonté pour montrer que son intérêt pour le "Toit du monde" n’est pas seulement économique et stratégique. A plus de 5.000 mètres d’altitude, les glaciers du Tibet sont, rappelons-le, la source d’affluents du Gange, mais aussi du Yangtze, du Fleuve jaune et du Mékong.

Politique du plan

Le 6 mars, quatre jours avant la date anniversaire de l’exil du dalaï-lama, la Chine a donc annoncé un plan de 2,19 milliards de $ sur 20 ans. Au total, 10 programmes environnementaux sont prévus, dont un plan de protection des prairies contre la désertification entrainée par la fonte des glaces et une barrière pour bloquer les vents violents. Hasard ou non ? Au Xinjiang, région de l’ouest de la Chine peuplée de Ouighours musulmans et où des attentats avaient eu lieu lors les Jeux Olympiques, se joue un autre combat environnemental. Cette fois, il s’agit de créer en 10 ans 59 réservoirs pour collecter et stocker l’eau de la fonte des glaciers. Si l’objectif -ajuster les niveaux de précipitations saisonnières aux besoins de la population et faciliter l’irrigation- est louable, les experts sont divisés sur l’efficacité de la mesure. Quid, en effet, de l’évaporation en période estivale, et des risques pour la population dans les zones sismiques ? Il y a fort à parier que le slogan de Mao, "L’homme doit conquérir la nature", résonne toujours dans l’esprit des dirigeants chinois.

L’agence Reuters

Le site du Guardian