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Les golfs parasitent le Vietnam
jeudi, 29 octobre 2009
/ Hélène Duvigneau
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Depuis quatre ans, les promoteurs vietnamiens ont comme lubie de vouloir transformer leur pays en un gigantesque parcours de golf. Mais cette frénésie moderne à prétexte touristique ne va pas sans poser problème.
Les promoteurs vietnamiens se prendraient-ils pour des Écossais ? Saisis d’une "fièvre golfique", ils multiplient depuis quelques années les demandes de licences pour des parcours 18 trous. Selon le ministère de l’Agriculture et du développement rural, 76 parcours sont construits ou en cours de construction et 68 sont en cours d’autorisation. Comme le souligne un article du New York Times, c’est presque autant qu’en Corée du Sud (200) où la population raffole de la petite balle. Pourtant, le Vietnam ne compte que 5 000 amateurs, dont 1 000 pratiqueraient régulièrement, sur un total de 86 millions d’habitants.
Le Duc Thinh, chercheur à l’Institut politique et stratégique pour l’agriculture et le développement rural, évoque pour sa part le chiffre de 160 parcours : « cela représente une perte de 50 000 ha. Or le Vietnam a déjà perdu 1 million d’hectares de rizières du fait de l’urbanisation, depuis les années 1970. » Pour Nguyen Hong Thuc, de l’Institut de recherche sur l’aménagement du Vietnam, chaque parcours correspond à une surface de 70 ha, soit 350 tonnes de riz perdus par récolte.
Rien d’étonnant à cela soulignent les organisations de défense de l’environnement : les taxes foncières sur les terrains de golf sont plus faibles que sur d’autres types d’infrastructures. « Les promoteurs cherchent certainement à brouiller les pistes », analyse Le Duc thinh. « Une loi dit que si des projets commerciaux ne sont pas rentables au bout de 3 ans, il est possible de changer la nature du projet de départ. » Autrement dit : achetons des terrains à bon marché pour faire des golfs peu rentables, il sera toujours temps d’y construire plus tard des projets immobiliers plus juteux.
Selon un membre de l’Association vietnamienne pour l’environnement, les propriétaires de parcours emploient près d’1,5 tonne de produits chimiques par an, soit 3 fois la quantité utilisée pour la culture dans des zones similaires. En outre, la consommation d’eau des golfs accentue le stress hydrique en période sèche. Ces impacts posent d’autant plus problème qu’aucun projet n’a été contraint de réaliser une étude d’impact environnemental pour obtenir la licence. « Le problème, explique Le Duc Thinh, c’est que tous les ministères se renvoient la balle car nous manquons d’un plan d’aménagement global des terrains de golf. » Interrogé sur ces questions, un représentant de l’association de golf vietnamienne a déclaré sans sourciller que l’augmentation du nombre de parcours « était un inévitable progrès » étant donné que le pays « manquait d’espaces verts » !
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Enquête : l’impact environnemental du parcours de golf
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Le New York Times
Le ministère de l’Environnement vietnamien
Crédit photo : Dalat Palace Golf Club, agence Wayfairing