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Carton rouge à huit multinationales en Chine
vendredi, 23 octobre 2009 / Hélène Duvigneau

Après enquête, Greenpeace a épinglé huit multinationales implantées en Chine pour non respect des réglementations environnementales.

« Géants silencieux. Enquête sur la publication de données environnementales dans les entreprises en Chine ». Par ce titre inquiétant, Greenpeace Chine entend lever le voile sur des pratiques industrielles nocives pour l’environnement, alors même que le pays est en train de se doter d’une législation contraignante en la matière. Selon l’ONG, 18 entreprises auraient violé une réglementation intitulée "Measures on Environmental Information Disclosure". Parue en mai dernier, cette dernière les oblige, dès lors qu’elles ont été identifiées par les bureaux locaux de protection de l’environnement comme ayant dépassé les normes de pollution en vigueur, à révéler publiquement, dans un délai d’un mois, des informations sur les principaux polluants libérés par leurs unités de production.

Sur ces 18 entreprises figurent 8 multinationales : Shell, Samsung Electronics, Nestlé, LG, Kraft, Motorola, Denso and Bridgestone. Parmi les entreprises chinoises visées deux sont accusées d’avoir déversé des produits chimiques dangereux, tel le plomb, le cadmium ou l’arsenic. Or, souligne Greenpeace, les entreprises "voyou" ne sont pas les moins bien loties. Elles appartiennent ou bien aux 500 entreprises mondiales ayant réalisé le plus gros volume de chiffre d’affaires en 2008, selon le magazine Fortune, ou bien aux 100 premières entreprises chinoises. D’où la remarque de Tianjie Ma, chargé de campagne chez Greenpeace, qui estime « choquant que des compagnies leader dans leur secteur industriel ne parviennent pas à se conformer à la réglementation environnementale la plus basique en Chine. »

En réponse à ces accusations, Nestlé affirme « respecter pleinement les obligations légales locales sur les questions d’environnement. » Et met en avant la baisse, entre 1999 et 2008, de 57% et 58% de la consommation respective en eau et en énergie de ses usines (par tonne produite).

Durcir la loi

Se gardant bien d’accuser les multinationales de mauvaise foi, Greenpeace met en cause le manque de précision de la nouvelle réglementation chinoise, source de confusion. « Le gouvernement doit absolument clarifier quelles entreprises doivent publier quelle information. » En effet, certaines s’estiment déliées de toute obligation une fois qu’elles ont réglé le problème, alors qu’elles restent tenues d’informer la population. Et si les données environnementales publiées aux États-Unis ou en Europe par les multinationales sont manifestement plus détaillées que celles publiées en Chine, comme le relève l’enquête, c’est parce que « la loi y est beaucoup plus précise », estime Greenpeace.

Les gouvernements locaux sont eux aussi montrés du doigt. Certes, ce sont eux qui lancent l’alerte, mais aucun n’a pour l’instant utilisé contre les grands groupes les moyens de rétorsion dont ils disposent, notamment les pénalités financières.

Quoi qu’il en soit, le combat est fondamental aux yeux de Greenpeace. Levier majeur de lutte contre la pollution selon l’organisation écologiste, la publication des données environnementales des entreprises aurait permis aux États-Unis de réduire leur pollution de 61% en 20 ans.

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