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La malbouffe sévit aussi en Chine
vendredi, 23 octobre 2009
/ Hélène Duvigneau
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En Chine, la tendance est plutôt à l’épaississement des silhouettes. En cause : des plats "low cost" de plus en plus populaires parmi les nouvelles générations.
En décembre 2008, trois Américains obèses éveillaient l’attention des médias chinois. Ils avaient fait spécialement le voyage pour suivre les enseignements de la médecine chinoise et perdre du poids. Contrairement à l’idée reçue, hamburgers, sodas et poids lourds ne sont pourtant pas l’apanage des pays développés. En Chine, près de 25% de la population adulte est en sur-poids ou obèse, selon une étude de Barry Popkin, professeur à l’université de Caroline du Nord. "Les Chinois étaient autrefois les personnes les plus minces au monde, rappelle le professeur Zheng Fengtian, dans un article paru dans le Global Times. Aujourd’hui pourtant, l’obésité se répand aussi rapidement que dans les pays développés."
Outre des modes de vie plus sédentaires et l’avènement d’une classe moyenne aisée, l’un des facteurs majeurs de cet épaississement généralisé est à chercher du côté de la "cheap food". Cette bouffe pas chère qui vient garnir les étals des supermarchés prolifère aussi dans les fast-food. Selon Ding Zongyi, directrice du groupe de travail national chinois sur l’obésité infantile, de plus en plus de parents chinois emmènent leurs enfants dans des chaines de fast-food. "Ils adoptent un mode de vie pantouflard et passent davantage les caprices de leur enfant, qui est unique." Selon elle, près d’1 enfant sur 5 âgés de moins de 7 ans était en sur-poids l’an dernier, et plus de 7% étaient obèses.
Reste que manger plus et manger à sa faim n’est pas manger mieux. L’une des conséquences des faibles prix des denrées alimentaires est d’ailleurs l’augmentation du gaspillage, fléau national. « Chaque année, affirme Zheng Fengtian, près de 85 milliards de kilos de riz produits en Chine sont gaspillés. A Pékin, 1 600 tonnes sont jetées chaque jour ». Préoccupé par la lutte contre la sous-nutrition, l’état a également mis tardivement l’accent sur la diététique. Dans les villes, la population s’était déjà habituée à consommer des produits gras et de plus en plus de viande. Or vendre de la viande bon marché nécessite une production de masse. Et en Chine comme aux États-Unis, l’élevage industriel ne fait pas bon ménage avec la préservation de l’environnement. En août dernier, un article du Time magazine soulignait le prix à payer : érosion des sols fertiles ou encore l’effet néfaste sur la santé humaine des antibiotiques administrés à la volaille.
En avril, Greenpeace montrait par exemple que sur 45 fruits et légumes analysés, 40 comportaient des traces de 50 différentes sortes de pesticides, véritable cocktail empoisonné. Alors, la solution est-elle dans l’augmentation des prix des denrées pour des produits de meilleure qualité ? En Chine comme ailleurs, la question est posée.
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Crédit photo : 7dNews