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500 chercheurs au chevet des abeilles
vendredi, 18 septembre 2009 / Julien Vinzent /

Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.

Trois questions à Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS, alors que le congrès Apimondia, autour du thème "L’abeille, sentinelle de l’environnement", se termine à Montpellier et que les scientifiques cherchent une explication au dépérissement des ruches, en particulier en Europe et aux Etats-Unis.

Terra eco : quelles sont les causes de la surmortalité des abeilles ?

Jean-Marc Bonmatin : "Vous avez tout d’abord les "causes" naturelles comme les parasites, comme le varroa qui se fixe sur l’abeille un peu comme une tique sur un chien, ou les nosemas qui sont des parasites intestinaux. Il y a aussi toutes les maladies induites par ces agents, en particulier les virus. Vous avez ensuite l’utilisation de pesticides, en particulier les insecticides ainsi que la réduction de la biodiversité entraînée par la monoculture, qui fait que les abeilles trouvent un nectar moins varié."

Quel bilan du congrès tirez-vous sur la question des pesticides ?

"J’étais responsable de la table ronde sur ce sujet, qui a duré quatre heures, et ce qui se dégage, c’est qu’il y a bien sûr un problème de parasitisme, mais cela fait partie d’un équilibre depuis des milliers d’années. Le fait nouveau c’est l’utilisation de pesticides. L’un des enseignements majeurs, c’est aussi la mise en évidence de synergies. En clair, les abeilles sont par exemple beaucoup plus sensibles aux maladies quand elles sont conjuguées avec d’autres facteurs, comme les pesticides. D’ailleurs on voit que les pays pauvre qui n’ont pas le moyen de se payer des pesticides n’ont pas ce problème..."

Que proposez-vous pour enrayer ce phénomène ?

"Plutôt que de dire "c’est la faute de celui-ci ou celui-là", il faut agir sur ce que nous avons introduit et qui peut être davantage contrôlé. Les maladies, elles ont toujours existé, ce sont les produits toxiques qui les ont rendus redoutables. Il suffit déjà dans les cas où l’on peut le faire d’utiliser des méthodes alternatives à l’utilisation de pesticides. Avec la rotation des cultures, vous ne créez pas les conditions favorables pour le développement de parasites du maïs ou du tournesol. À chaque culture son parasite. Mais il y a des centaines d’autres exemples."

Les apiculteurs dénoncent eux l’utilisation de produits spécifiques comme le Cruiser...

"En effet, ils se concentrent sur certains insecticides de dernière génération car ce sont eux qui font les plus grands ravages car ils sont les plus toxiques jamais inventés pour l’abeille. Ils sont jusqu’à 7 000 fois plus puissants que le DDT, qui n’était déjà pas un tendre ! Il y a aussi l’enrobage de la semence : quand la plante pousse, elle pompe le toxique ce qui fait qu’elle est protégée. Le problème, c’est que c’est un traitement a priori qui est fait au moment des semis. C’est le même problème que les antibiotiques : vous n’en prenez que quand vous êtes malades et pas en septembre en vous disant que de toute façon vous allez bien attraper quelque chose..."

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