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La face cachée du solaire
lundi, 21 septembre 2009
/ Hélène Duvigneau
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L’industrie du solaire a un coût environnemental non négligeable. C’est particulièrement vrai en Chine, premier producteur mondial de panneaux solaires photovoltaïques.
Après le beau temps, la pluie. L’industrie du solaire a bien du mal à digérer les effets de la crise. La Chine, devenu 1er producteur de modules solaires photovoltaïques, et qui surclassera en 2012 Japon et Union européenne dans la production de cellules, en sait quelque chose. Au 2nd semestre, le fabricant chinois de silicium LDK a annoncé des pertes de 217 millions de dollars. Et, comme souvent en temps de crise, on ne parle que de ce qui fâche.
Des chiffres que conteste un entrepreneur français, spécialisé dans l’exportation de panneaux solaires et qui préfère garder l’anonymat. Selon lui, la durée de vie d’un panneau solaire dépasserait les 30 ans et ces derniers seraient de moins en moins gourmands en silicium. De plus, si on veut comparer le photovoltaïque à d’autres sources d’énergie, il faut prendre en compte les performances de l’ensemble de la filière en terme d’émissions de CO2. Selon une étude récente, 1kWh de photovoltaïque produit entre 60 et 150g de CO2, tandis qu’1kWh de charbon en produit 978 et 1kWh de fuel 891g...
Ce n’est pas tant la filière solaire qui est en cause que le système de traitement des déchets, vrai problème gobal en Chine. De fait, pour chaque tonne de silicium produite, 4 autres tonnes de tétrachlorure de silicium sont rejetées. Exposé à l’humidité, ce liquide provoque des vertiges et peut affecter gravement les voies respiratoires. Des rejets que l’on peut traiter, mais qui le sont rarement par les industriels dissuadés par le montant des investissements nécessaires. Interrogé par le Washington Post, Shi Jun, directeur d’une société de recherche dans le silicium estime que « les entreprises chinoises économisent des millions de dollars en faisant l’impasse sur les dispositifs anti-pollution ». Si de tels dispositifs étaient imposés, le coût de production d’une tonne de silicium reviendrait selon lui à 84 500 dollars. Or les entreprises chinoises revendent leur marchandise entre 21 000 et 56 000 dollars la tonne.
Mais le problème est aussi politique. Tandis que la Chine brûle quantité de charbon pour fabriquer des panneaux solaires qu’elle exporte vers l’Occident (plombant encore un peu plus leur bilan carbone, ndlr), celui-ci bénéficie d’un air plus pur et d’une économie faible en carbone, se plait à souligner le ministre chinois des Sciences et Technologies, Wan Gang.
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Le Washington Post
Le site Mother Jones
Le SCMP et The Shanghaiist
crédit photo : kevinthoule