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Photographier les déserts chinois
lundi, 17 août 2009
/ Hélène Duvigneau
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Depuis quatre ans, deux reporters québécois suivent à la loupe le processus de désertification en Chine, l’une des plus graves catastrophes environnementales à l’œuvre dans le pays. Le travail photographique a été récompensé par le prix Pictet 2008.
Ciel rougi par les poussières, terres craquelées rendues stériles, tempêtes printanières de plus en plus violentes... En Chine, le processus de désertification est un véritable fléau national. Lorsqu’il est éolien, le phénomène se traduit par une lente dégradation des terres arables, qui se transforment sous l’action du vent en poussière de sable. Au total, 400 000 km2, soit 18% du territoire chinois, ont été désertifiés, selon l’Académie des sciences de Chine. Sur ses 18%, 22% sont le résultat de l’action de l’homme, principalement du fait d’un mauvais usage des terres. A la clé, la désertification entraine une diminution des surfaces cultivables et des pâturages, des déplacements de bergers et de paysans qui se voient privés de leurs moyens de subsistance, mais aussi des nuages de poussières polluants sur les villes. L’illustration la plus flagrante sont les tempêtes de poussières matinées de sable qui viennent fouetter Pékin chaque printemps. En avril 2006, 330 000 tonnes de poussière se sont déversées en une seule nuit sur les rues de la capitale, du jamais vu.
Des visages variés
Entre les prairies de Mongolie-Intérieure où l’herbe ne pousse plus et les déserts du Xinjiang parsemés d’oasis menacées par la pénurie d’eau, le processus de désertification prend différents visages. "Les prairies sont souvent défrichées pour être cultivées. Mais faire de l’agriculture sur des prairies est très néfaste puisqu’il pleut très peu", raconte Patrick Alleyn. Si l’agriculture pratiquée est trop intensive, la terre devient stérile, forçant les paysans au départ pour aller défricher d’autres prairies. Quand arrive le printemps, les vents emportent la terre du lopin abandonné laissé sans couverture végétale, créant ainsi des tempêtes de poussière. Dernière étape du processus : au bout de plusieurs années, l’érosion éolienne fait son œuvre et la prairie devient désert. A l’extrême ouest de la Chine, ce sont les oasis qui souffrent, victimes de la déforestation et du surpompage de l’eau pour l’agriculture. Consciente du problème, la Chine investit chaque année 200 millions d’€ pour lutter contre le phénomène. Actuellement et pour encore plusieurs décennies, elle érige une "grande muraille verte" de 4 500 km, barrière végétale destinée à couper les vents. Dans le Xinjiang, les autorités ont mis en place une politique de plantation d’arbres autour des oasis, et en Mongolie-Intérieure, Pékin a ordonné aux éleveurs de réduire leur cheptel contre des compensations.
Le Walrus
Le site China Dialogue
Le site du Wilson Center
Photo : Benoit Aquin, lauréat du prix Pictet 2008 qui récompense le photographe ayant le mieux saisi l’impact des ravages de l’homme sur la planète. Mongolie-Intérieure, avril 2006. Une statue équestre du conquérant mongol Gengis Khan se dresse dans une tempête de poussière, provenant des steppes désertifiées de Xilingol.