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Le coût écologique du travail le dimanche
jeudi, 16 juillet 2009
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
La loi sur le travail du dimanche a été votée de justesse au Parlement. Concernées ? Les zones touristiques ou thermales (quelque 500 d’après le gouvernement, dix fois plus selon l’opposition) et les périmètres d’usage de consommation exceptionnel (PUCE) de Paris, Lille et Marseille. En bref, ces zones périurbaines où fleurissent hypermarchés et grandes surfaces en tout genre. La mesure risque d’avoir un coût. Et pas seulement pour notre porte-monnaie.
Pour le gouvernement pas de doute, la loi votée le 23 juillet est un progrès. Social d’abord. "Il y avait une demande des salariés pour régulariser leur situation (…) Et bien enfin, grâce à cette loi, ces salariés vont voir leur situation sécurisée, confiait le 15 juillet Luc Châtel, nouveau ministre de l’Education nationale qui s’exprimait au micro de France Info en tant que porte-parole du gouvernement. "La loi a prévu un certain nombre de garde-fous", a-t-il ajouté. Des garde-fous peu satisfaisants pour l’opposition de gauche. Certes, si la loi promet, en zone PUCE, de garantir aux employés un salaire doublé ce jour-là et un repos compensateur, elle ne prévoit aucune compensation en zone touristique.
Du côté économique, le gouvernement promet plus d’emploi et une croissance relancée grâce à une réglementation moins rigide. "C’est une contribution, en période de crise, il est indispensable de saisir toutes les opportunités qui se présentent (...) Ce sont les petits ruisseaux qui font la grande rivière, la reprise de la croissance", a souligné de son côté Henri de Raincourt, le ministre chargé des relations avec le Parlement, cité par l’’agence de presse AP. Pourtant, en novembre dernier, une étude du Crédoc soulignait que la mesure ne pouvait avoir qu’une très faible efficacité économique : dans un contexte où le pouvoir d’achat des Français n’augmente pas, le plus probable est "que l’essentiel des ventes réalisées le dimanche corresponde au transfert de ventes initialement réalisées les autres jours de la semaine", soulignait l’étude.
Il est vrai que le commerce est un secteur plutôt gourmand en énergie. Prenons un hypermarché intégré dans une PUCE. Selon une étude signée EDF et Ademe en 2003, celui-là consomme 600 à 700 kwh par m2 et par an. Au registre de ses dépenses : la réfrigération alimentaire ou l’éclairage (30 à 35% respectivement) ou encore le chauffage et la climatisation (10 à 15%). Ainsi un hypermarché de 2 500 m2 consomme par an 1,625 Gwh en ouvrant 6 jours sur 7. S’il reste ouvert le dimanche (soit 52 jours de plus annuellement), le voilà qui affiche une consommation de 270 MWh de plus par an au compteur. En clair, chaque fois qu’il ouvre ses portes le septième jour, cet hyper pompe 5192 kwh d’électricité. Soit plus que la consommation d’un foyer moyen (un couple avec 2 enfants) sur une année entière, estimée à 4575 kW/h d’électricité selon EDF ! Et il y a quelques 1600 hypermarchés (surfaces de plus de 2500 m2) en France et 10 000 supermarchés (entre 400 et 2500 m2)... Même si tous ne sont pas concernés, bonjour la surconsommation électrique. Sans compter que plus d’électricité consommée c’est aussi plus de gaz à effet de serre relâchés dans l’atmosphère.
"C’est dommage qu’il n’y ait pas eu d’évaluation environnementale de cette décision-là, regrette Arnaud Gossement de France Nature Environnement. On peut estimer qu’une telle mesure pourra avoir des conséquences sur la consommation d’énergie ou sur la circulation aujourd’hui. Elle peut poser des questions logistiques aussi. Aujourd’hui, les poids lourds sont interdits de circulation le dimanche mais est-ce que ça restera ainsi ? Nous regrettons juste que la question n’ait pas été posée."
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Photo : Hervé Kerneis