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Le biberon au Bisphénol A en eaux troubles
mercredi, 15 juillet 2009
/ Louise Allavoine
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Ce sont des sujets bouillants. Des études ou des alertes, très médiatisées dès leur sortie, qui ont rapidement créé la polémique. Quel est le danger réel ? Brandit-on le principe de précaution à outrance ? Terra eco a tenté d’avoir le fin mot de l’histoire. Premier exemple avec le Bisphénol A dans les biberons.
L’affaire fait ses premières vagues en février 2008. Le groupe Défense environnementale, une ONG écologiste canadienne, publie alors une étude concluant que 90% des biberons plastiques présents sur le marché canadien dégagent des taux "significatifs" de bisphénol A (BPA) lorsqu’ils sont chauffés. Du Bisphénol A ? Un composé chimique servant à la fabrication de certains types de plastiques, dont le polycarbonate, très utilisé pour les récipients alimentaires. Depuis les années 30, le BPA est soupçonné d’être un perturbateur endocrinien de type "oestrogen-like". Il dérangerait les régulations hormonales en produisant sur le corps humain les mêmes effets que les œstrogènes, des hormones sexuelles femelles.
Alerté, Ottawa met son organisme gouvernemental Santé Canada sur le coup. Et les chercheurs concluent que l’exposition au BPA induite par les biberons plastiques n’est pas suffisamment importante pour qu’elle génère des effets sur la santé. Mais que la marge de sécurité, elle, est insuffisante pour mettre totalement hors de cause les biberons en plastique. Pas de certitudes donc, mais des questions. Le gouvernement préfère se donner le temps de la réflexion et penche finalement pour le principe de précaution. Le 17 octobre 2008, le Canada devient ainsi le premier pays à interdire les biberons contenant du Bisphénol A.
Depuis la polémique enfle. En France, alors que le Réseau environnement santé (RES), composé d’associations et de scientifiques, demande l’interdiction du BPA dans tous les plastiques alimentaires, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, réaffirme, en mars 2009, devant l’Assemblée, son soutien à l’Afssa. Pas de raison d’appliquer le principe de précaution tant que des études fiables concluent à l’innocuité des biberons, invoque-t-elle, en faisant référence aux avis de l’Afssa et de l’EFSA.
Si la ministre de la santé campe sur ses positions, la secrétaire d’État à l’Écologie Chantal Jouanno finit par demander à l’Afssa, le 15 juin dernier, de reprendre l’expertise. En attendant, on ne sait toujours pas de façon ferme et définitive si les biberons plastiques chauffés dégagent du bisphénol A à des niveaux à risque. Mais la communauté scientifique, qui juge le problème "préoccupant", appelle à renforcer la recherche. Lors de son colloque annuel du 10 juin dernier, la société internationale d’endocrinologie (science qui étudie les hormones), a appelé à réduire l’exposition de la population à ces molécules, au nom du principe de précaution.
Quant aux fabricants français, l’enseigne Béaba et la branche française de Philips Avent s’y sont également engagés. La marque Dodie propose depuis trois ans une gamme de biberons en polypropylène et donc sans bisphénol A, mais plus onéreux. Une solution pour éviter le composé toxique : privilégier les récipients en verre. Mais pour les mamans qui ne veulent pas renoncer au plastique, il faudra examiner le cul du biberon à la loupe. En effet, le polycarbonate (PC), qui contient le BPA incriminé, est identifié par le code de recyclage n°7. A éviter en cas de doute.
Aller plus loin :
Conseils pour éviter le bisphénol A, dossier du Réseau environnement santé (RES)
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Photo : nerissa’s ring