Trois questions à Serge Orru, président de WWF France, après les conclusions du G8 et du Forum des économies majeures (MEF) sur le dérèglement climatique.

Terra Eco : le G8 est tombé d’accord sur un taux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais le Forum des économies majeures (MEF) a remisé l’optimisme au placard. Là, les pays émergents ont rejeté l’objectif adopté la veille au motif que c’est aux pays riches de payer pour la pollution qu’ils ont engendré. Qu’en pensez-vous ?

Serge Orru : Il y a eu quelques engagements positifs. Que les pays du G8 soient parvenus à s’engager à réduire 50% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, ce n’est pas rien. Et c’est un engagement à minima ! Il ne faut pas l’oublier. Et lors du MEF, les pays riches et émergents se sont mis d’accord sur l’objectif de limiter le réchauffement à 2°C, là encore au minimum. Enfin, ils se sont entendus sur un doublement des fonds publics pour la recherche dans les technologies nouvelles. Ce sont de signes positifs. Mais il y a eu aussi des déceptions...

Lesquelles ?

L’échec principal c’est qu’au MEF, les pays émergents n’ont pas accepté de diviser par deux leurs émissions de gaz à effet de serre. C’est un signe de défiance fort entre les pays riches et les pays émergents. D’un côté, les pays riches essayent de faire porter le chapeau des échecs de négociations sur les pays émergents. De leur côté, les pays du Sud estiment que c’est aux plus gros pollueurs de payer. C’est compréhensible. Les membres du G8 son responsables de 60% des gaz à effet de serre qui sont actuellement dans l’atmosphère. Ce n’est pas la Chine qui a pollué ou très peu au 20ème siècle !

Comment trouver un terrain d’entente ?

Les pays du Nord doivent prendre leurs responsabilités et aider les pays émergents. S’il y avait une guerre, on aurait besoin d’alliés pour combattre. Là, c’est pareil. Les pays du Sud doivent devenir nos alliés dans la lutte contre le dérèglement climatique. Il faut que nous procédions à des transferts de technologies et à des aides importantes, sans pour autant calquer sur eux nos modèles de croissance ou d’urbanisation. On pourra ainsi peut-être rétablir la confiance. Mais on n’est pas au pays de Blanche Neige et des Sept Nains. Parvenir à un accord à Copenhague restera très difficile. Il faudra une pression de la part des pays, des populations... Il ne faut pas être pessimiste et rester actif !

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 notre dossier (mai 2009) sur le dérèglement climatique