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Planet Ranger : l’anti-héros de l’écologie
vendredi, 26 juin 2009 / Julien Vinzent /

Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.

Cette bande dessinée se joue des codes écolos à travers les aventures d’un ranger ingénu et redresseur de tort. Une charge grinçante contre une vision simpliste et extrémiste de l’écologie.

Avec le premier tome de Planet Ranger, "l’écolo le plus con de la planète" précise la couverture de la BD, la version "bons sentiments" de la protection de l’environnement en prend pour son grade. L’histoire est simple : William Green (ça ne s’invente pas), est un ranger américain, chargé par son supérieur de "traquer les comportements irresponsables et d’encourager les énergies propres". Seulement, le bonhomme est d’une naïveté, voire d’une stupidité, accablante.

Arrivant sur les lieux d’une cérémonie du Ku Klux Klan, il leur demande d’arrêter de brûler la croix. "Nous sommes en règle Planet Ranger, nous avons replanté un hectare de forêt en prévision du gaz carbonique dégagé", lui répond l’un des membres du KKK. Ce à quoi le benêt répond : "Pardonnez ce zèle intempestif éco-citoyen". Il finira tout de même la corde au cou après être revenu à la charge, ayant remarqué que le papier du document présenté n’était pas recyclé. On le retrouve aussi dégonflant les pneus d’un Hummer, qui pour son malheur appartient à un gang. L’histoire finit forcément mal pour Planet Ranger, qui trouve le moyen dans l’ambulance de demander une conduite plus souple pour "économiser des tonnes de CO2". Le pauvre bougre en fait toujours deux et finit souvent (une planche sur deux !) en sale état...

Au fil des pages, les auteurs Janssens et Julien/CDM détournent avec jubilation tous les thèmes du moment, du désamiantage des bateaux à la lessive aux phosphates, en passant par les ampoules basse-consommation. Si on y sent comme un ras-le-bol du trop plein de vert, n’y voyez pas un plaidoyer pour la pollution, mais plutôt une illustration de l’expression "l’enfer est pavé de bonnes intentions". Planet Ranger met en lumière l’absurdité d’une écologie qui serait à la fois néophyte et jusqu’au-boutiste. Avec en plus une pointe de provocation, comme lorsque l’album se proclame "100% en papier non recyclé" et "blanchi au chlore certifié".

Mais après tout "par le protocole de Kyoto" - l’expression favorite de Planet Ranger - ça fait du bien d’en rire un peu... Un seul reproche toutefois, les gags sont inégaux, à l’image de ce serial-killer, qui revient un peu trop souvent.

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- Planet Ranger, Janssens & Julien/CDM, Le Lombard. 10,4 €.