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O-vert-dose ?
lundi, 15 juin 2009 / Julien Kostrèche

Le vert est partout.
En politique, l’accélération des deux dernières années, vue de France et par le petit bout de la lorgnette médiatique, pourrait se résumer à cinq personnalités : Al Gore, Hulot, Borloo, Arthus-Bertrand, Cohn Bendit. La percée d’Europe Ecologie aux élections européennes a fini d’ouvrir grand les vannes. Alors de gauche à droite, tous écolos ? Après Chirac, auto-proclamé par son clan « 1er écolo de France », suite à ses déclarations brûlantes au sommet de Johannesbourg [1], revoici donc Sarkozy, qui n’a même pas attendu de remanier son gouvernement pour rouvrir dans la même semaine le débat sur les énergies renouvelables et la taxe carbone.

Allumez la télévision. Entre un reportage d’Envoyé Spécial sur les cosmétiques bio et une émission de Capital sur le boom du business vert : une page de pub, qui cède de plus en plus souvent aux tentations du blanchiment écologique. [2]Des produits qui préservent la planète ? Vraiment ? En affaire comme en politique, les opportunités sont telles qu’on peut douter de la sincérité de certains messages. De la bagnole à la machine à laver, de la cave au grenier, partout, une déferlante de produits verts. Avec forcément son lot de charlatans qui surfent sur la vague.

Sortez dans votre jardin. Votre voisin, chauffagiste de profession, et qui se foutait jusque-là du changement climatique comme de sa dernière cigarette, vient de placarder une nouvelle enseigne pour annoncer sa reconversion dans les énergies propres. Il vend du panneau solaire, à coup d’éco-prêt à taux zéro et de déduction fiscale. Pourtant le bonhomme continue de rouler en 4x4 et de vous empester tous les week-ends avec son barbecue et ses merguez grillées . Il y a quelque chose qui cloche, je vous dis...

Alors quoi ? Peut-être assistons-nous tout bonnement a une prise de conscience hexagonale, prélude d’un changement profond vers une société plus durable. Après tout, l’urgence climatique est bien là, plus de doute possible. Et comme le dit Pascal Obispo (!) [3], s’il y a une "guerre à faire aujourd’hui", c’est celle-ci. Pourtant, on a comme envie de dire, pas si vite ! Prenons encore le temps de la réflexion, de confronter les points de vue. Évitons les raccourcis - on l’a vu avec l’emballement sur les bio, pardon, les agrocarburants - rien n’est simple. [4] Sans quoi nous courrons un risque d’o-vert-dose.