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La montre verte se prépare un bel avenir
mercredi, 10 juin 2009 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

La montre verte a débarqué à Paris. Son objectif ? Transformer les utilisateurs en capteurs d’ozone et de bruit et tracer une cartographie de la capitale à partir des données obtenues. Et ses applications futures s’annoncent multiples.

Pour l’instant, l’objet tient plutôt de l’encombrant boîtier que de la montre design. Mais ce n’est encore qu’un prototype, nous rassure la Fédération internet nouvelle génération (Fing). La montre verte, présentée début juin aux utilisateurs parisiens, est équipée de deux capteurs. L’un mesurant l’ozone, l’autre, le bruit. Grâce à une connexion Bluetooth, elle est reliée à un téléphone portable (SFR pour le moment), qui se charge d’acheminer les données collectées vers une base internet, tandis qu’un GPS localise l’utilisateur. Apparaît alors sur l’écran une cartographie de la ville alimentée par tous ces capteurs mobiles.

La fiabilité de l’outil ? "Le capteur de bruit est très fiable mais le capteur d’ozone est encore difficile à calibrer. Lors des premiers tests, nous avons remarqué qu’il était sensible au vent. Il a tendance à exagérer les mesures", souligne Thierry Marcou, de la Fing. Chez AirParif, on s’étonne de ne pas avoir été approché par l’association. "Nous ne connaissons pas le produit, ni son mode de fonctionnement. Nous sommes néanmoins un peu sceptiques sur le fait qu’il mesure l’ozone dans les rues, le long des grands axes alors que ce gaz est détruit par l’oxyde d’azote émis par les voitures. Nous, nous ne le mesurons pas à ces endroits-là", explique-t-on au service de communication de la société. Mais du côté de la Fing, on assure qu’il ne s’agit pas de "concurrencer AirParif mais d’offrir un complément" aux stations-relais de la société.

En fait, le bon point de la montre verte est peut-être ailleurs. "Il associe vraiment les utilisateurs à la démarche dans une approche participative. Et les transforme en éco-citoyens", souligne Jean-Marie Dunand, responsable des projets pilotes pour SFR, partenaire de la montre verte. Déjà, les premiers résultats sont positifs, affirme Véronique Routin de la Fing. "Nous avons eu un très bon retour des utilisateurs et des médias lors des expérimentations. Il faut maintenant convaincre les industriels ou les acteurs publics de l’intérêt d’un tel outil."

Nouveaux capteurs mobiles

Mais avant de trouver le chemin de l’usine, le projet a encore du chemin à parcourir et des chantiers à explorer. Un nouveau design est en cours d’élaboration, ce ne sera pas du luxe car on ne peut pas dire que l’esthétique soit au rendez-vous et seule Nathalie Kosciusko-Morizet a eu l’audace de la porter au poignée en conseil des ministres. Et l’on réfléchit déjà à doter la montre de nouveaux capteurs. "Lors de notre démonstration place de la Bastille à Paris, des utilisateurs nous ont demandé si on pourrait intégrer un capteur de pollen pour les allergiques. D’autres nous ont parlé de mesurer les rayonnements électromagnétiques", énumère Thierry Marcou de la Fing. La base de données n’a pas non plus dit son dernier mot. "L’idée c’est qu’elle devienne une base ouverte à tous, où pourraient figurer d’autres données sur la mobilité, ou des services comme le covoiturage, par exemple", imagine Véronique Routin. Pas question en revanche d’en faire un mouchard. "Aujourd’hui, il n’y a aucun moyen de relier les données reçues à un utilisateur. Seuls SFR et Fing disposent de ces données et nous sommes très vigilants sur la question", souligne Jean-Marie Dunand.

Enfin le système même pourrait changer. La montre se passerait de téléphone - en transférant elle-même ses données sur un ordinateur à la fin de la journée - ou le téléphone portable se passerait de montre. A voir. "Nous avons aussi imaginé intégrer directement ce genre de capteurs dans un téléphone mobile. Ou que des capteurs positionnés sur le balcon d’un logement communique directement avec la box ADSL de la maison", explique Jean-Marie Dunand de SFR. Enfin, l’objet pourrait changer carrément de forme : "Les partenaires hollandais avec qui nous avons échangé sont intéressés mais pour eux ça prendra la forme d’un objet clipable sur un chapeau, une poussette, un balcon mais pas dans une montre", confie Thierry Marcou. Reste que ce produit aux applications multiformes n’est pas encore éco-conçu. Nous avons réalisé le prototype avec un tout petit budget, se défend M. Marcou. Alors nous n’avons pas encore pu parler de greendesign. Mais dans l’avenir, si elle vient à être commercialisée, oui, ce serait bien."

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